Réservoir de paresse. Une fois c’est l’absentéisme dans les hôpitaux qui est pointé du doigt : celui des infirmières, brancardiers et autres personnels de salle. Une autre fois c’est le scandale de l’absentéisme dans la fonction publique territoriale : caricature d’un service public obsédé uniquement par ses siestes postprandiales dans les hôtels de régions, de départements, de communautés diverses. Encore une fois c’est l’incroyable absentéisme qui règne chez les enseignants : ils enseignent (mal, et de plus en plus) quand il leur plaît et s'ils n'ont pas un pet de travers. A côté des paresseux, des cyniques, des incompétents, s’échinent ceux qui tentent tant bien que mal d’assurer le minimum qui empêche l’hôpital de s’écrouler sous le poids de malades de plus en plus exigeants, qui permet aux collectivités territoriales de fournir un service de plus en plus délabré à des contribuables aussi pressurés qu’exaspérés, qui tente de fournir à des gamins odieux un niveau qui s’écroule lorsque l’on sort des établissements d’élite ou de centre-ville.
Monstre d’arrogance. Qui n’a pas côtoyé ces inspecteurs des finances qui ne jurent que par le poids de leurs neurones : Minc qui a entrainé son commanditaire à la ruine, Haberer qui a envoyé le Crédit Lyonnais au tapis, Trichet qui a conduit la zone euro au désastre, Qui n’a côtoyé ces ingénieurs des mines qui ne comprennent pas que tout ne leur soit pas dû : Lauvergeon la directrice à la disparition d’Areva, Théry qui ne croyait pas à l’avenir d’internet. Qui n’est resté sidéré face à la satisfaction de soi des défenseurs du service public en pleine grève, aux certitudes des serviteurs de l’état défendant leurs privilèges catégoriels, à la prétention des représentants de l’Etat face à ceux qui n’en sont pas (de l’état).
Havre de simoniaques, de concussionnaires, de prévaricateurs. Au sein de ce monde et de toutes ses annexes, les places se donnent, s’échangent, au sein des camarades de promotion, des copains de loge, des complices de cabinet, des affins dans les groupes de pression ethniques, partisans. Personne ne s’étonne qu’une certaine promotion de l’ENA truste les places les plus enviables, que les gardiens de musée semblent se recruter quasi exclusivement aux Antilles, ou que les journaleux des chaines publiques ne soient jamais de droite, a fortiori d’extrême droite. Les fonctionnaires préparent des lois sur la protection de leurs carrières, qu’ils font voter par des majorités de fonctionnaires de l’assemblée et bien entendu appliquées par des fonctionnaires : confusion des pouvoirs entre le législateur et l’exécutif ; un député ne saurait être un fonctionnaire ; on pourrait même se demander si un fonctionnaire peut avoir le droit de vote ; tout ceci conduit à une forme de concussion de la part de ceux qui votent des textes en faveur d’une fonction publique dont ils font partie et de prévarication pour ceux qui les préparent en sachant qui va les voter.
Sans doute pour remonter la pente où s’est engagée la fonction publique depuis une cinquantaine d’années faudrait-il d’abord revenir aux fondamentaux d’un statut qui prévoyait expressément des sanctions pour les incompétents, des récompenses pour les efficaces et des incompatibilités avec les postes politiques et les fonctions d’élus et puis sans doute quelques exemples ne feraient pas de mal en s’inspirant de ce qui fut réservé à Enguerrand de Marigny, Semblançay, Bichelonne.