Ce que ne peut pas dire Fillon : qu’il ne peut y avoir d’abus de biens sociaux dans une Revue des Deux Mondes qui en est dépourvue et qui ne survit que par la munificence de Monsieur Ladreit de Lacharrière ; mais ceci n’est qu’anecdote ... plus grave : l’incroyable confusion entre pouvoir législatif et pouvoir judiciaire ; comme le rappelaient un Julien Dray et un Bernard Debré, les députés n’ont pas à être contrôlés sur ce qu’ils font de l’argent qui leur est alloué par le parlement pour rémunérer des assistants parlementaires ; que certains en profitent pour rémunérer leur famille, ou leur maîtresse, voire leur giton, est parfaitement immoral mais est la rançon de l’indépendance respective des pouvoirs.
Que la justice pense qu’il est de sa mission de faire régner une moralité qui serait au-dessus des lois est un dérèglement qui montrera tôt ou tard toute sa nocivité. Laissons au Canard Enchainé et autres Médiapart le soin de pourchasser ceux qui mériteraient l’opprobre de leurs concitoyens. Laissons l’Assemblée Nationale le soin de vérifier l’utilisation des sommes qu’elle alloue, et peut-être, enfin, se résigner à rémunérer convenablement ses députés à la hauteur des responsabilités qu’ils assument et non pas chichement comme elle le fait actuellement sous la pression des populistes.
Que ces remugles d' égouts diffusés avec complaisance et jouissance servent au moins à réfléchir sur l'indépendance de nos députés et leur autonomie financière.