Un peu tombé dans l’oubli, le déplaisir est pourtant bien plus intéressant que la haine ou la phobie. Ces deux derniers mots sont utilisés à tort et à travers par tous les jobards qui occupent les ondes, et sont le pretexte pour les associations communautaristes d’intenter des procès d’intimidation de tous ceux qui ne professeraient pas leurs opinions légitimes ou absurdes. Le déplaisir, en dehors de sa délicieuse saveur ancien régime, a l’avantage de bien exprimer cette situation où sans aller jusqu’à haïr, on ressent ou une indifférence teintée de mépris, ou un méfiance, ou un antagonisme. Il est urgent de combattre l’effrayante dictature des minorités de toutes sortes. Leurs opinions ne sont que les leurs. Il ne me convient pas qu’elles deviennent obligatoirement les miennes.
Je tiens à pouvoir exprimer des jugements sur des peuples dont je me méfie comme les allemands, ou les inuits, sur des religions qui me déplaisent comme le calvinisme ou le salafisme, sur des pratiques sociales qui ne m’inspirent pas comme les combats pour la parité ou le droit à l’enfant. Il me déplairait d'en être empêché. Je ne vois pas pourquoi, à ce titre je serais taxé de racisme (ou de culturalisme), d’islamophobie (ou de protestantophobie), de sexisme ou d’(homophobie). Il me déplairait d'être insulté.