La ville de Jérusalem, en droit international, devait être une ville indépendante dont la gestion devait être commune entre les musulmans, les chrétiens et les juifs : c’est la résolution 181 de l’ONU du 29 novembre 1947 qui l’a décidé, résolution jamais abolie. Toutes les revendications israéliennes sur une prétendue Jérusalem Ouest ne reposent que sur un droit de conquête suite à la guerre arabo-israélienne de 1948 et de l’armistice signé entre les belligérants en 1949 qui fixaient une ligne d’armistice provisoire. Encore pire pour les tentatives d’appropriation d’Israël sur la vieille ville et Jérusalem Est qui ne reposent que sur la force des armes et la conquête de 1967. Un état de droit ne peut décréter comme capitale une ville qui ne lui appartient pas (ni Jérusalem Est, ni Jérusalem Ouest) ; elle peut le revendiquer dans la cadre d’une négociation sur des frontières définitives qui modifieraient celles fixées par la communauté internationale lors de la création concomitante de l’état juif d’Israël et de l’état arabe de Palestine.
Que l’état d’Israël, s’appuie sur ses conquêtes pour tenter d’imposer par la force sa mainmise sur Jérusalem, passe encore ; c’est une logique de vainqueur. Mais que les Etats-Unis soutienne la position de son protégé, l’état d’Israël est une forfaiture de vis-à-vis de l’ordre international insupportable de la part d’un pays démocratique, et sa démission du rôle naturel de modérateur qui devrait être dévolu à la première puissance économique et militaire du monde.
Que des association communautaristes françaises, comme le CRIF, au lieu de se cantonner dans un silence de prudence, expriment une satisfaction bruyante à l’idée de l’annexion de Jérusalem est l’indice de leur aveuglement : déni de l’archéologie qui met à mal les rêveries sur le grand Israël du roi Salomon, déni de l’histoire du Moyen-Orient qui a vu se succéder les protectorats sur les royaumes de Judée et d’Israël, et bien plus important déni d’un ordre international auquel ils se réfèrent quand cela les arrange et qu’ils oublient lorsque leurs mythologies historiques les enflamment.