Contrairement à ce que ressassent tous les conservateurs de musées de France, il est parfaitement licite de vendre des œuvres d’art séquestrées dans des réserves et qui ne présentent ni intérêt scientifique, ni intérêt culturel. Il suffit qu’elles soient déclassées devant un comité ad hoc. Procédure très souvent pratiquée pour la vente d’immeubles qui ne correspondent plus à l’objet de service public qu’ils ont pu avoir un temps. La procédure n’a jamais été pratiquée pour les objets, tableaux, dessins, sculptures. Les conservateurs font bloc et préfèrent laisser entassées dans des cavess inaccessibles au public, et oubliées des amateurs, des œuvres que leurs créateurs n’ont jamais imaginées devoir rester rangées dans des portefeuilles, des tiroirs, suspendues en vrac ; ils ont créé pour des êtres vivants, pas pour une nécessité de conservation d’un témoignage. La voracité de tous les praticiens des musées de vouloir acheter et jamais vendre est proprement scandaleuse. Des œuvres mineures soustraites aux regards du public ne peuvent se voir appropriées par tel directeur de musée, ou d’une quelconque administration. Les raisons invoquées pour justifier de ce hold-up ne tiennent pas la route :
- il faut garder ce que seront peut-être les chefs d’œuvre de demain ; personne ne peut prévoir les évolutions des goûts et des modes et donc justifie de confisquer dans des réduitss ce qui est actuellement considéré comme médiocre ; il est plus que probable que de telles évolutions obligeront à faire de nouvelles acquisitions ;
- il faut garder des témoignages de toutes les époques, de tous les médiums, de toutes les qualités ; l’argument ne vaut qu’à condition qu’il s’agisse d’un échantillonnage ; les caves d’un musée ne sont pas des garde-meubles ;
- ce qui n’est pas protégé risque de s’abîmer, voire de disparaître ; argument particulièrement spécieux puisque ces objets ont disparu, de fait, dès maintenant ; au surplus les travaux de recollection des inventaires des musées prouvent que des œuvres, au demeurant pas médiocres du tout disparaissent sans arrêt.
L’insolente accumulation d’objets dans nos musées devient de plus en plus obscène. Il serait temps qu’une politique impose le déclassement d’un objet chaque fois qu’advient une acquisition.