Ils habitent le bourg de Trébeurden, là-haut, loin de la mer, et s’en flattent. Ces bourgeois, ceux d’ici comme d’ailleurs, ont beaucoup de mépris pour les immigrés, ces touristes qui viennent envahir leurs plages et leurs landes, leur mer et leur terre ; ces résidents tout à fait secondaires qui font monter les prix du foncier ; ces sans attache fixe qui ne savent où résider entre Paris, Rennes et Trébeurden, épaves que l’on retrouve sur l’estran ou le port.
Ils font peser leur joug sur les étrangers : qu’ils paient leur dîme pour l’embellissement du bourg, qu’ils versent leur obole pour la récréation des bourgeois, qu’ils paient leurs redevances pour la gloire de la nomenklatura municipale.
Mais la révolte gronde chez les exploités du bas-Trébeurden, la colère monte chez les moutons tondus dans les quartiers périphériques de Crech Hery, Kerariou et Pors Mabo, dans les faubourgs de Lan Kerellec, Trozoul et Tresmeur. Les cris retentissent « Qui vous fait vivre ? », « Qui vous fait travailler ? ». La question est posée : que serait Trébeurden sans nous, les étrangers, les gens venus d’ailleurs, les vagabonds du tourisme ? Rien ou peu de chose, un lieu-dit de la côte de Granit rose, un écart de la ville de Lannion.
Allez les bourgeois de Trébeurden, abandonnez ces tristes sires à qui vous avez confiés les clefs de la mairie, oubliez leurs châteaux en Espagne, leurs promesses d’anarcho-gauchistes, leurs rêves d’apartheid, leurs égoïsme de petits nantis d’une petite oligarchie locale ; faites la révolution et venez rejoindre la horde des touristes pour libérer Trébeurden de la pesanteur de cinquante ans de disfonctionnement.