Plus de 800 pages pour dire si peu; un texte qui prévoit uniquement que les règles européennes s’appliquent pendant une période de négociation non clairement définie. Le seul point que Barnier a négocié est que la Grande Bretagne devra participer à ses engagements passés à hauteur d’environ 40 milliards d’euros.
Dans le détail ce texte contient une kyrielle d’horreurs qui sont difficiles à accepter par le parlement britannique : il s’agit de fait d’un ultimatum de l’Europe à la Grande Bretagne.
Une telle absence de hauteur de vue de la part du couple Barnier/Juncker n’est pas étonnante. Elle est attristante de la part du Conseil européen après plus de deux ans de négociation. Pas un mot sur les volontés des peuples de vivre en bon voisinage; pas un mot sur l’entente stratégique nécessaire entre l’ile britannique et le continent européen; rien sur la perte et par la Grande Bretagne du marché européen et par l’Europe du marché britannique. Non ! Un acte de notaire qui se préoccupe des trois francs, six sous du dédommagement que doit verser celui qui demande le divorce, car la somme est bien une vétille par rapport aux enjeux; un acte d’huissier qui pinaille sur les conditions de survie de Gibraltar ou de bases à Chypre, des arguties sur des poussières d’empire qui font partie du passé et non du futur; une main courante au commissariat de police pour prendre acte que des frontières physiques ne pourront être élevées entre Irlande et Irlande du Nord pendant une période floue, un problème lourd traité d’une pichenette.
Etait ce si difficile d’envisager l’avenir avec un pays qui ne faisait pas partie de la zone euro et de l’espace Schengen ? Surement pas, mais les dirigeants, avec en particulier Merkel et Macron, obnubilés par leur crainte de voir d’autres pays prendre la poudre d’escampette, ont préféré un divorce punitif qui serve d’outil de dissuasion. Leur responsabilité dans ce désastre annoncé est immense. S’ils l’évitent c’est au prix déjà payé de la risée des grands acteurs internationaux, et de leur renforcement dans le mépris de cette soi-disant union velléitaire, et pusillanime.