Le courage est une ardente obligation. C’est un peu court.
La triste vérité est que la lâcheté est ancrée chez moi au nom de valeurs qui ne sont pas nécessairement odieuses ou viles : préserver ma vie, protéger mon avenir, conserver mes biens. Alors pourquoi faire acte de courage en mettant en danger ces quelques valeurs ?
Guy Sajer, dans son roman « Le soldat oublié », décrit un soldat alsacien enrôlé dans la Wehrmacht qui se distingue à plusieurs reprises comme un héros hors du commun, allant rechercher et sauver des camarades pris au piège, blessés, dans des conditions particulièrement difficiles; il n’est ni nazi, ni même un partisan d’une quelconque grande Allemagne ; tout simplement il obéït à un devoir de solidarité envers les camarades de son unité .
Dans un livre remarquable « Verdun », l’historien Paul Jankowski tente d’analyser les motivations qui font sortir les poilus (et les allemands en face) de leurs tranchées au moment des attaques. Là encore, dans un courage moins héroïsé, les soldats ne peuvent que se résigner à la solidarité envers les membres de leur unité, leur section, au mieux leur compagnie et également à leur fierté vis-à-vis de leur famille; dans l’enfer de la guerre à ce moment, les devoirs envers l’Armée, la Nation se sont estompés, restent des devoirs élémentaires et d’autant plus forts.
Je ne crois pas avilir le courage en le détachant d’idéologies. Il me semble, au contraire, rassurant de penser, qu’au moment nécessaire, il me sera peut-être plus accessible de me soumettre à des devoirs de solidarité envers des êtres proches.