La synagogue, en face de chez moi, est ouverte pour le shabbat, quelques fidèles y viennent prier. L'église de ma paroisse est hermétiquement close, et l'archevêque de Paris est claquemuré dans un silence pesant.
Les médecins prodiguent, avec dévouement, leurs soins palliatifs aux malades qu'ils ne savent pas guérir. Les brancardiers et aides-soignantes pillent les stocks de masques dans les hôpitaux pour améliorer leurs revenus.
Les policiers verbalisent les promeneurs isolés pour remplir les caisses de l'état et compenser l'absence de circulation de voitures. Les dealers assurent dans Paris intramuros la continuité du service public de distribution de drogue aux shootés qui déambulent dès la nuit tombée.
Les clochards ont enfin trouvé un lit quiet, notre mairesse étant terrorisée à l'idée qu'ils puissent contaminer les autres. Les provinciaux regardent d'un oeil torve les urbains qui se sont réfugiés près de chez eux.
Les morts enterrent les morts dans l'absence de toute famille, des proches, du notaire et du confesseur. Heureusement la vie est sauve pour tous les lâches qui exercent leur "droit de retrait", toutes les feignasses qui excipent du principe de précaution pour mieux étaler leur paresse.
Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,
Simple et tranquille.
La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Reste muette.