Il n’est pas de mort due au coronavirus qui ne justifie pleurs, apitoiements. Les décédés banals sont considérés gênants, encombrants.
Interdit de rire des tracasseries ubuesques ou courtelinesques que police et gendarmerie infligent au bon peuple saisi du désir de baguenauder.
Prendre pour parole d’évangile les propos sur la maladie à condition qu’ils aient un caractère alarmiste. Toute tentative de minoration de la pandémie est blasphème.
S’alarmer du sort de « nos anciens » pourtant longtemps abandonnés dans des hospices entre les mains de gangs soucieux de leur soutirer un maximum d’oseille et le cas échéant de les piller sans vergogne, voire de les maltraiter.
Se réjouir du dévouement des caissières, livreurs, et autres brancardiers, vrais gens, héros de l’ordinaire.
Ne jamais parler des délateurs qui veulent faire régner l’ordre sanitaire, des justiciers qui crèvent les pneus des envahisseurs, des moralisateurs qui vous exhortent à faire votre devoir de citoyen.
Bredouiller avec un maximum d’abjection devant les sommités médicales qui disent tout et son contraire au fil de semaines.
S’inquiéter de se rassembler autour de chefs irremplaçables pendant ces heures graves ; … et surtout oublier leurs divagations d’ivrogne en pleine crise.
Prôner l’union nationale de tous sauf, bien entendu, des gens infréquentables de l’extrême-droite, des excités de l’extrême-gauche, des voyous des cités, des responsables fatigués qui ont fait leur temps, des fils d’archevêque, etc…
Ignorer que la nicotine empêche le virus de se répandre en prison, la nivaquine en Afrique, et le laisser aller en Inde ou en Turquie.