Une stupéfiante bassesse de vue caractérise ce professeur de médecine vissé sur sa chaire de paon. Toute la politique du gouvernement doit être asservie au seul objectif qui le passionne : l’augmentation du nombre de lits de réanimation ; y faire passer un maximum de personnes, sans savoir d’ailleurs combien en ressortent vivants (donnée confidentielle qu’il ne diffuse jamais), semble être pour lui l’objectif le plus vertueux qu’il soit. Ses vitupérations pour sauver l’hôpital, au début de la crise, ont noyé les appels au secours des médecins de ville et surtout des médecins des maisons de retraites. Mais que lui importe le désastre sanitaire des vieillards il fallait faire croire que ses services de réanimation avaient une utilité. Il ne s’occupe pas de malades, mais de patients, dénomination qui cache mal des cobayes, des témoins de son génie. Il continue de réclamer une prolongation d’un confinement qui l’approvisionne en infectés à jet continu ; que des marauds veuillent l’importuner avec des désirs de rencontre, de travail, de ne pas faire faillite, de se nourrir, de ne pas crever de désespoir, le met en rage ; son visage déformé par la colère, sa voix vibrante de haine, il les déclare irresponsables, ignorants, coupables du péché suprême : tentative d’attentat contre l’hôpital.
Et pourquoi cette sainte indignation ? Sauver des vies assène-t-il ! De quoi ? De la douceur d’une mort paisible ? De la grandeur d’une fin de vie entouré des siens et leur affection ? Qui lui a donné cette fonction ? Pourquoi sort-il du seul rôle qui devrait être le sien : un habile technicien qui apporte des soins à ceux qui souffrent.
Dans mon portefeuille j’ai laissé des instructions pour qu’au grand jamais je sois intubé par ce plombier fat.