La notion de partir dans la dignité est une indignité, la voie vers l’eugénisme : au nom de quoi peut-on juger qu’un certain état d’indigence physique ou intellectuelle est invivable ; faudrait-il sous-entendre qu’il n’est pas acceptable d’être handicapé physique ou crétin ?
Le suicide est un acte libre qui n’a rien à voir avec un accompagnement actif vers la mort ; on ne se donne pas la mort en prenant un billet de train pour la Suisse ou la Belgique et en laissant un pouvoir à quelques médicastres pour vous assassiner. On se suicide parce qu’on est encore en bonne santé physique et mentale mais que l’on ne veut plus assumer un futur qui déplait.
L’important que souligne Houellebecq, que soulignait Léonetti est que personne ne trouve une rédemption dans la souffrance physique. Elle est insupportable pour quasiment tous. Il ne s’agit plus alors de tuer quiconque mais de soulager ceux qui survivent au prix de douleurs inacceptables. Torturer des malades ne peut être un objectif.
L’euthanasie est un mot à rayer de l’univers civilisé. S’il s’agit d’éviter la douleur, c’est une décision médicale. S’il s’agit de mettre fin à sa vie c’est une décision individuelle, respectable ou non. S’il s’agit de juger de la dignité des êtres humains, c’est une décision de personne et surtout pas de députés ou de médecins.