Sauver l’hôpital ne peut pas être l’objectif prioritaire d’un état. L’hôpital est un outil dont il faut se préoccuper. Rien de plus. Les médecins sont des techniciens qui n’ont personne à sauver, mais seulement des patients à guérir ou soulager. La transformation de nos soignants en substituts des clergés qui devraient assumer une mission est un blasphème : qu’ils abandonnent cette hubris de vouloir prolonger les vies à tout prix, ajouter quelques mois à des vies précaires, rallonger des souffrances inutiles. Qu’ils arrêtent de croire à leur vocation ; la seule qui est acceptable, et ne se substitue pas à un Dieu créateur, est d’amoindrir les souffrances. L’hôpital qui les héberge n’est pas le temple qui abrite les valeurs d’un humanisme où est sacralisée la vie. L’hôpital n’est pas cet avant-poste d’un scientisme triomphant, ruisselant de machines de plus en plus raffinées, dégoulinant d’analyses de plus en plus superflues, et manquant de la simple empathie envers le malade qui souffre. Alors s’il est nécessaire d’avoir des établissements où l’on suit les malades, où l’on ne les sauve pas mais où ils sont accompagnés dans ma maîtrise de la souffrance, il est inutile d’encombrer ces cathédrales de lits de douleur, de machines, de pontes pontifiant, et d’infirmiers et aides-soignantes qui ne comprennent même pas qu’il doivent être vaccinés.