Recherche vaine de chasseurs du bonheur. « L’essentiel est que je m’épanouisse » est le cri de ralliement de ces forçats de la permaculture, de la fabrication de bijoux de pacotille, de la distribution de seringues aux drogués, de la vente d’œuvres d’art contemporaines, ou du militantisme dans des organisations LGBTQ. Une idée végétale que prospérer sur l’immonde, le futile, l’accessoire leur permettra d’éclore aux rayons de l’admiration généralisée. Curieux que ces fleurs du bonheur ne puissent jamais être trouvées dans le ramassage des ordures, le combat avec des armes contre les ennemis terroristes ou criminels, l’assistance médicale au quotidien dans les hôpitaux et les hospices, la construction des maisons et des immeubles, la conduite des moyens de transport collectif enfin toutes ces professions sans gloire particulière mais parfaitement utiles, nécessaires, indispensables au fonctionnement de la société.
Le mépris implicite de cette recherche d’un bonheur hédoniste est la négation même du devoir de servir. C’est la primauté d’un culte factice de talents qui seraient éblouissants, alors qu’ils sont la plupart du temps médiocres, d’un émerveillement sur ses capacités d’aimer les « autres » qui ne sont que la couverture d’un égoïsme à l’égard des proches, de l’idolâtrie sur son goût de la beauté qui cache un asservissement à la mode et à l’argent. C'est le mépris du vulgum pecus, des red necks, des gilets jaunes, tous les plus ou moins ratés de la vie, tous les crétins qui ne peuvent comprendre où sont les beautés de l'existence; mais c'est aussi le mépris des entrepreneurs qui innovent, de ceux qui oeuvrent pour que la société fonctionne harmonieusement, de ceux qui croient que les idées se travaillent, des fondateurs , des transmetteurs, enfin de tous ceux qui prétendent que la beauté de l'existence est dans l'action (manuelle, intellectuelle, spirituelle), dans le devoir (envers Dieu, la Famille, la Patrie), dans le service (du Beau, du Bon, du Vrai).