Aramburu a publié « Patria » en 2016, et a rencontré un grand succès. Je viens de terminer ce roman. Trop long à mon goût, la fin est poussive à vouloir suivre jusqu’au bout le destin des protagonistes de son épopée. Une fois cette réticence exprimée, je ne veux plus marchander mon admiration pour cette fresque autour de l’ETA en Guipozcoa : un village au-dessus de Saint-Sébastien, des familles qui se connaissent toutes, et quelques jeunes qui se laissent embrigader dans un mouvement terroriste avec le soutien du curé et du patron de bar. Portrait terrifiant d’une contrainte sociale qui transforme les plus faibles d’esprit en assassins et de plus chante leur louange et dénigre les victimes.
Cette dérive d’un peuple fier dans l’absurdité est illustrée par fin d’une amitié entre la mère d’un terroriste et la femme d’un assassiné. Le roman fait écho à l’omerta qui règne dans tous les recoins qui abritent, voire glorifient ceux qui terrorisent : en Corse naguère, dans les cités soumises à l’islamisme aujourd’hui, dans une foultitude de pays africains. Une épopée qui touche à l'universel.