Ce procès du Bataclan décidément tourne mal. Il valait mieux un procès qu’une absence style Guantanamo, nous sommes quand même plus civilisés que les américains. Mais en faire une sorte de cérémonie pénitentielle pendant laquelle les victimes, incarnation du malheur du monde, bardées d’avocats dont ce n’est pas le métier (les procureurs sont là pour porter l’accusation), exigent la repentance des accusés, hurlent leur impossibilité de faire leur deuil tant que les assassins n’ont pas fait leur acte de contrition, invoquent leur mémoire de l’acte intolérable qu’ils ont subi ? Oui intolérable, mais banal, terriblement banal. Leur destin n’a d’historique que l’atroce répétition des atrocités commises pendant les guerres. On rêve d’un silence digne face aux énormités que distille l’accusé complètement dans son rôle de combattant de la foi. On soupire après les pleurnicheries pieusement recueillies par des journalistes sans dignité des victimes qui ne comprennent pas les motivations des assassins. Mais qu’est-ce qu’ils ne comprennent pas ? Que la guerre est une boucherie ? Que le fanatisme envoute, et pas seulement des imbéciles ? Que tous les jours dans des recoins de notre planète des malheureux se font massacrer, torturer, abuser par des seigneurs de la guerre et les voyous qui leur sont inféodés ?
Si au moins ils exprimaient leur désir de vengeance, leur volonté de combattre, mais même pas ! Un procès barnum.