Naïveté, aveuglement, aboulie ? Comment qualifier le comportement du président Macron sur la scène internationale ?
Le certain est le mépris avec lequel il est traité par nombre de dirigeants : le président du Mali qui n’existe pour une grande part que soutenu par la France, lui adresse des remontrances et surtout veut pratiquer une politique de défense autonome ; le président des Etats-Unis le détrousse au coin du bois en lui piquant un contrat d’armement avec l’Australie ; la chancelière d’Allemagne a transformé le prétendu couple franco-allemand en un club échangiste au sein duquel elle fait ce qu’elle veut sans même en parler avec son partenaire (la sortie du nucléaire, l’entrée d’un million de migrants) ; les dirigeants de l’Algérie qui avec constance présentent la sébile et hurlent leur haine de la France malgré les pitreries de la repentance macronienne et les lâchetés face aux privilèges des migrants algériens ; le président Poutine qui a dû constater l’absence d’autonomie stratégique de la France tant avec l’Otan qu’avec l’Allemagne et s’est résolu à oublier notre pays. Et il serait facile de continuer cette énumération en parlant de la Chine, de l’Inde, de l’Indonésie, enfin de tous ces pays qui comptent sur la scène internationale mais dont notre pays ne s’occupe que par intermittence.
Ce mépris n’est pas né par hasard, ni par le jeu de prétendues antipathies qui en réalité n’existent pas sur la scène mondiale. Il est la simple conséquence de l’absence de doctrine stable, d’un pragmatisme qui n’est qu’un laissez aller, d’une absurde soumission à des machins qui ne sont que des tribunes et non des lieux de décisions. Comment faire fond sur un dirigeant qui se soumet aux diktats du chef de l’OTAN (les Etats-Unis) ou du chef de l’Union Européenne (l’Allemagne) ; autant traiter avec les leaders plutôt qu’avec le valet. Comment se fier à un dirigeant qui croit que le double langage (le célèbre en même temps) est le principe d’excellence de la manœuvre machiavélienne, donc de la diplomatie : encore faut-il avoir la puissance nécessaire (militaire ou économique ou culturelle) pour se permettre des trahisons ; la France n’a plus ces moyens d’une politique de puissance et les interlocuteurs le savent et ne se gênent pas pour le faire savoir.
La seule issue d’une puissance moyenne, qui n’est pas dépourvue d’atouts et qui a une stature mondiale malgré ses faiblesses est de pratiquer une politique d’influence.
1° Tenter d’agir sur ses alliés, non pas en gémissant mais en menaçant, en les rappelant à l’ordre, en n’hésitant pas à prendre les distances indispensables pour tenir un langage audible. Quitter l’alliance militaire de l’Otan, voire quitter l’Otan dont personne ne comprend ni les objectifs, ni l’utilité sauf de jouer les mercenaires du grand frère américain. Mettre un holà à l’emprise allemande sur l’Union Européenne avec une remise en cause des décisions de la Cour de justice Européenne, une remise en cause des politiques de marché, un blocage de décisions avec l’appui du groupe de Visegrad, une réanimation d’un groupe méditerranéen avec l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce, Malte, Chypre. Enfin faire comprendre à ces germains qu’ils ne sont pas seuls.
2° Tenter de promouvoir une union d’intérêts de pays tout aussi moyens que nous et qui veulent exister quand même. Le plus évident est la Russie, piétinée par les américains, menacée par les allemands, inquiétée par les turcs, et stratégiquement en péril avec les chinois. Le syndrome de l’enfermement joue à plein et le rôle d’une diplomatie active serait de faire baisser cette tension, même au prix de fâcheries avec les Etats-Unis, l’Allemagne, les pays de l’est européen. Mais l’Inde, l’Indonésie, le Vietnam sont des pays tout aussi candidats à une autonomie stratégique qu’ils sont bien en peine d’exprimer.
3° Approfondir nos relations avec les pays qui nous ont depuis toujours montré des signes d‘amitié (intéressée bien entendu), comme le Maroc, l’Egypte, l’Iran. Pays à la recherche éperdue d’une assurance contre le sunnisme agressif. Pays avec une longue tradition francophile. Pays riches d’une classe sociale éclairée, cultivée, avide de sortir d’un moyen-âge théocratique.
Mais notre politique étrangère sans ambitions, sans nerfs a irrité tout le monde. Il n’y a qu’à l’intérieur du pays qu’elle trouve encore quelque adulateur. Effet du désintérêt, de la propagande ?