L’un fait du vélo, invectivant les voitures qui polluent.
L’autre va aux champignons, maudissant les chasseurs qui canardent.
Les deux se retrouvent pour ouvrir leurs bras aux afghans qui ont abandonné leurs pétoires, et aux sahéliens leurs quatre-quatres.
L’un se soucie de sa petite santé à force de remèdes, de sport (de running, voyons),
L’autre se soucie de sa petite santé, à force de permaculture, de chasse aux vaches qui pètent,
Les deux s’associent pour vanter les éoliennes qui font passer un souffle de progrès, et les capteurs photovoltaïques qui étendent leur ombre protectrice sur les sols sauvages.
L’un fait du coworking, et du crowdfunding pour lancer des licornes.
L’autre ne jure que par le télétravail et la réunion en distanciel.
Les deux dans leurs activités sont addicts à leurs outils de survie : le téléphone portable avec un maximum de G possible, la voiture avec ses chouettes batteries au lithium ; oui à l’individualisme, mais connecté et relié.
L’un croit que les z’aisés sont des fachos qui touchent des dividendes distribués par des multinationales qui font suer le burnous.
L’autres pense les zadistes sont des éclaireurs de l’avenir qui nous protègent des investisseurs égoïstes.
Les deux sont opposés à ce que ceux qui menacent leurs opinions puissent prendre une parole (haineuse), parler devant des foules (sous influence), en bref pratiquer des activités de propagande, de lobbying, en proférant des mots inappropriés, négationnistes.
Les uns sont persuadés que le bonheur est dans le loft ou le souplex.
Les autres croient que le bonheur est dans le pré ou la bergerie retapée.
Mais tous deux clament qu’aucune notion de famille vintage ne doit venir troubler ces visions d’éden revisité.