La parenthèse enchantée de la mondialisation est en train de se renfermer. La désindustrialisation de l’Europe au profit de pays plus ou moins émergents a permis de faire baisser les prix pour les consommateurs grâce à la mise au travail des enfants et des adultes dans des conditions proches du travail forcé dans les pays pauvres. Les chômeurs de l’occident, inactivés du fait de la fermeture des usines, étaient soit dédommagés par des allocations permettant d’éteindre leurs récriminations soit recrutés dans des administrations publiques artificiellement gonflées, le tout au prix d’un dérapage monstrueux des déficits publics; la pollution liée aux activités industrielles a été délocalisée vers des pays moins regardants donnant des brevets de progrès écologique à des pays qui ne méritaient que la médaille du cynisme; l’inflation chassée des produits de consommation s’est réfugiée dans les actifs financiers et immobiliers seuls encore porteurs de rareté amplifiant le creusement des inégalités au profit des nantis; les investissements se concentrèrent dans des secteurs de la communication (le web), du tourisme (les voyages), du service à la personne, surfant sur la destruction des acquis sociaux au nom d’une prétendue économie 2.0..
La mondialisation des biens a montré son vrai visage de la cupidité et de l’égoïsme à court-terme de l’occident, de l’hypocrisie de ses classes moyennes confites dans un état social qui lui garantissait la stabilité des prix de consommation, de l’aveuglement de ses classes pauvres endormies par des subventions massives non financées, de la satisfaction de ses élites voyant croitre la valeur de ses actifs.
Dans cette euphorie consommatrice, les quelques scrupules des peuplades profiteuses ont été noyés dans une idéologie des droits de l’homme d’autant plus agressive qu’elle émanait des classes les plus favorisées. Alors l’ anesthésie générale en matière économique s’est doublée d’une passion outrancière pour l’autre, l’étranger, conduisant à une même dissolution de nos cultures européennes dans un goubli-boulga de musique afro-américaine, ou maghrébine, d’art contemporain né dans l’underground ou les salles de marché, de révérence pour des coutumes de peuplades oubliées de l’histoire doublé d’un mépris pour tout folklore, ou tradition non étrangère. Ce prolongement de l’aveuglement économique dans le domaine culturel a conduit à un assèchement des initiatives locales au profit d’importations de mondes qui nous sont inconnus : le wokisme, le slam, le rap, la techno. La frousse de la faute morale a conduit à baptiser immorales toutes actions qui ne seraient pas repentir envers les populations exploitées.
Si vraiment la mondialisation ne peut maintenant que se ralentir, faute de peuples restant encore à exploiter, ou plutôt faute de volonté d’exploiter de nouveaux misérables, alors la baisse des prix ne pourra plus jouer sur tous nos objets de vie courante, alors l’inflation va reprendre son cours en bien et en mal. Et les taux d’intérêts existeront à nouveau comme critère de choix entre les investissements permettant d’éliminer les projets les plus hasardeux. Ce retour à un monde moins cynique et plus rationnel va se faire dans la douleur de la réadaptation à un monde moins rêvé, à l’abandon de l’imaginaire de la gratuité, à la restauration de la valeur travail. Place aux peuples courageux et fiers de l’être.