Nous n’avons pas déclaré la guerre à la Russie. Ni aucun autre état de l’Union Européenne. Tous affirment qu’ils défendent les plus hautes valeurs de la démocratie, d’un mode de vie, d’une culture de la liberté contre la tyrannie, mais n’entendent pas y risquer leur peau. Un bon supplétif, courageux, têtu, l’Ukraine, suffit bien à la tâche contre un ours qui titube.
Le cynisme européen se contente de payer à prix d’or des mercenaires sans se préoccuper de leurs pertes, de gober les fadaises d’une propagande dépourvue de toute retenue, et par-dessus tout de répandre des pleurs et des gémissements par l’intermédiaire des bataillons d’envoyées spéciales capitonnées de gilets pare-balles, couvertes de casques posés de travers, enregistrées dans un bruit de mitraille. le ridicule et l'emphase sont incompatibles avec le courage.
Poser comme principe de prendre comme représentant de nos valeurs un pays comme l’Ukraine est surprenant d’abord dans son principe, puisqu’il sous-entend que nous avons plus important qu’à nous défendre nous-même et que l'affrontement du danger peut être délégué à une piétaille bonne à être tuée et violentée par des terroristes russes. De plus le choix de ce pays, l'Ukraine, comme héros de notre défense est surprenant quand on pense à la nature de ce régime infiniment proche d’une oligarchie corrompue, gangrené par des mafias d’une violence renommée dans le monde du gangstérisme, servi par des milices dont le caractère fasciste n’est pas encore éteint.
Tout cela rappelé, rien n’excuse l’agression de la Russie, le caractère sauvage de ses armées jaillies de la Tartarie, mais rien non plus ne justifie cette espèce de culte romantique envers une bande de cosaques peu recommandables. Rien ne peut ne peut excuser les violences prouvées des soldats sans encadrement des bandes officielles ou non issues du territoire russe, mais il n’est pas admissible de faire la distinction entre les missiles russes qui exterminent des civils, et les missiles ukrainiens qui tuent des ennemis sans foi ni loi.
Les hurlements bellicistes des européens qui veulent rendre la Crimée à l’Ukraine, oublier l’autonomie des régions du Donbass, outrepassent les buts de guerre officieusement devinables de l’administration Biden ; mais comme d’habitude les supplétifs atlantistes européens des Etats-Unis hurlent plus fort que les loups. La résurgence de l’OTAN est pour eux un soulagement tant ils croient impossible l’idée d’une défense européenne ; ils préfèrent la protection d’un parapluie américain, illusoire sur le long-terme, à la prise en main par les nations européennes de leurs intérêts vitaux. La défense des valeurs démocratiques se mue en une vassalisation consentie. La nuance d'un soutien mesuré à l'Ukraine se mue en une trahison d'un idéal transatlantique qui n'existe plus depuis plus de soixante ans.