Toujours faire valoir un esprit éloigné des extrêmes : tout ce qui est excessif est insignifiant clament ceux qui se disent sages; rien de plus faux ... on imagine quiconque s’extasiant devant une oeuvre d’art « mesurée », un discours lénifiant, un meneur terne; l’apologie du médiocre n’enthousiasme guère, l’équilibre des plateaux de la balance une stabilité illusoire.
Nécessairement bien signifier sa haine du conservatisme, et sa tendresse pour le progressisme : dans la querelle des anciens et des modernes, indiquer son exclusivité pour l’admiration de l’avenir; asséner que le futur existe sans le passé, que le bonheur est dans un avenir quiet ? Triomphe des millénaristes qui stigmatisent les erreurs du passé et chantent les lendemains.
Bien entendu toujours être pour l’ouverture et contre la fermeture. Entre le mur et le pont crier sa joie pour le pont qui relie et contre le mur qui sépare; images simplistes : que dire de la bouche ouverte de l’ahuri et celle close de celui qui prend son temps pour réfléchir; ou encore des yeux écarquillés du benêt qui admire le premier venu et des yeux plissés de sourire de celui qui apprécie; même les comparaisons architectoniques ne sont pas de mise : il n’y a pas de portes ou de fenêtres, sans des murs autour; et quant aux pont aux ânes il exprime au mieux que tout franchissement n’est pas signe de perspicacité.
Toutes les personnalités d’aujourd’hui paraissent avoir des petits post-its pour leur rappeler les postures qu’ils doivent prendre pour ne pas tomber à l’intérieur de la fachosphère, et garder leurs galons de porte-parole de l’intelligentsia.
