L’idée même qu’il puisse exister un ministère de la culture est absurde. Il aurait du être supprimé lorsque Malraux quitta ce poste. Au mieux aurait-il pu être remplacé par un ministère des Beaux-Arts qui indique plus humblement qu’il n’a pour unique fonction que de défendre le patrimoine existant. L’art en train de naître n’est pas du ressort de l’état, il n’y a nul besoin d’un organisme distributeur de subventions pour aider les faux génies, les vrais cyniques, les médiocres qui se drapent dans leur excuse de minorité, les grandiloquents qui envahissent l’espace public de leurs performances, les saboteurs qui enlaidissent les chefs d’oeuvres de leur recréation, de leur revisitation. L’art ne peut pas être engagé. Dans quoi d’ailleurs ? L’obtention de récompenses officielles, la consécration des FRIC-FRAC qui accumulent dans leurs réserves des oeuvres destinés à un oubli rapide et providentiel ? L’expression du mépris envers tous ceux qui ne croient pas à ces gestes disruptifs, qu’insuportent ces expressions d’une laideur encombrée de bons sentiments, qu’exaspèrent ces musées vides de visiteurs et qu’habitent comme des incubes ou succubes des gardiens effarés.