Lire : d’abord un désir puis un plaisir quand il ne s’agit pas d’un tract politique, d’une sourate obscure, de romans non écrits d’Annie Ernaux ou Christine Angot, de rapports du GIEC, de décisions du Conseil Constitutionnel.
L’angoissant, avec l’explosion de la production de mots (livres, rapports, messages sur le web) est qu’il faut de plus en plus discerner ce qui est lisible, stigmatiser ce qui est illisible. Tri colossal.
Le sinistre est de prendre peur devant la déferlante des répétitions si caractéristiques de notre époque qui croit qu’une majorité d’opinions exprimées est une preuve de leur pertinence. Frénésie du nombre.
Le fatigant est l’abus de mots fétiches, la propension à voir des sous-textes partout, la vulgarité snob des sujets sélectionnés par les grandes âmes. Laissez aller de la médiocrité.
Une fois dégagée de ces gangues, la lecture est d’abord faire confiance à quelqu’un qui a su mieux dire, mieux imaginer, mieux trouver que vous. C’est aimer.