22 juillet 2013
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Le Tour de France, cirque de forçats de la route manipulés par des organisations sans scrupules, et de caravanes publicitaires martelant leurs slogans. Un ennui profond se dégage pour moi de cette manifestation ; elle est le symbole d’un culte de la performance physique qui a dérapé du goût de l’effort et de l’endurcissement du corps vers l’admiration d’un soi-disant dépassement de soi-même ; tout le contraire de l’exploitation de ses talents tant intellectuels que physiques, mais une incitation à aller au-delà de ses forces quitte à de doper artificiellement ; elle est le symbole de l’arrogance de l’athlète qui exhibe ses biscottaux devant la foule ébahie : spectacle de foire qui corrompt autant celui qui se montre que celui qui regarde. L’un est incité à tricher, l’autre pardonne toute triche au nom d’une beauté du spectacle. Exaltation du sport toute moderne, initiée par un Coubertin de sinistre mémoire, magnifiée par des régimes avides d’enrégimenter leurs peuples, portée à son paroxysme par les Samaranch et autres dirigeants sportifs du même acabit. Extraordinaire que notre monde épris d’individualisme, de respect des autres, sacrifie à ces exhibitions de foules en délire criant leur admiration devant les exploits des surhommes. C’est vrai j’ai pitié des galériens du tour, des courts, des pistes. C’est évident que le spectacle peut être magnifique. C’est juste que l’on se passionne pour les stratégies qui permettent de pousser son avantage lorsqu’on est en forme, et de défendre son acquis lorsqu’on est mauvaise passe. Mais il n’y a pas pour moi de « Dieux du stade », de « héros de la route », d’ »idoles des bassins, cendrées, pelouses, etc… » mais des braves gens qui font leur boulot pour les laboratoires pharmaceutiques les plus performants, les vendeurs de chaussures les plus communicants, les fabricants de matériel les plus astucieux, et pour toutes sortes de firmes qui veulent asseoir leur image. Si tous ces demi-dieux restaient des saltimbanques le mal serait limité. Le drame est qu’ils sont présentés comme des modèles : et se pointent comme des mentors Zidane et son coup de boule, Ribery et ses frasques sexuelles, Armstrong et ses seringues, Noah et ses comptes en Suisse. L'inquiétant est que des valeurs comme le dépassement de soi-même, le culte du favori, l'enthousiasme communautariste ne soient même pas discutées.