Enfin un éditorial (Jean-Francis Pecresse dans les Echos du 18 mai )sur ce sujet qui fâche : l’absentéisme dans la fonction publique territoriale. Un problème révélateur de l’insatisfaction des fonctionnaires face à la dérive de nos administrations vers des statuts de type quasi-féodaux où la fidélité à un « patron » qui vous a recruté, qui vous donne des dossiers, prime sur le dévouement à l’Etat ; où la situation de « rentier » (en tant que bénéficiaire d’un statut protégé par des politiques qui généralement en profitent) prédomine sur l’excellence du travail ; où les tentations des petits chefs, n’est pas arrêtée par des patrons qui préfèrent la gestion de leur carrière à la gestion des hommes.
Situation inconfortable qui se traduit par l’incroyable explosion de la fuite au travail. Nous n’en sommes pas encore à l’état de la fonction publique italienne, par exemple, lorsque les employés des administrations viennent accrocher leur veste le matin dans leur bureau, pour aller s’occuper ensuite de leur deuxième emploi. Mais la dégradation est palpables à travers l’inflation de tous les indicateurs d’absence (de fait des signes de démotivation).
La réforme de la fonction publique (territoriale, hospitalière et de l’état central) passe certainement par des contrôles de la réalité des maladies invoquées, passe peut-être par une réduction d’effectifs que beaucoup considèrent comme pléthorique au vu des comparaisons internationales, mais surtout et d’abord par des changements de gestion : personne n’a envie de ne pas faire grand-chose, ou personne ne désire voir ses travaux mal considérés et mal récompensés, ou encore personne ne croit que le service de l’Etat, de la collectivité, du bien public est à mettre sous le boisseau au profit de la satisfaction d’un « patron » ou des fameux « avantages acquis ».
Le laxisme des dirigeants territoriaux laisse prospérer une culture de la paresse qui désenchante tous leurs subordonnés.