Son intervention dans l’émission de France-Inter « Fait-il bon d’être fonctionnaire » fut percutante. Elle est stigmatisée (dans l’émission, puis dans les commentaires) comme ultra-libérale alors qu’elle ne fait que défendre l’idée d’un service public plus ramassé et plus efficace autour de ses fonctions essentielles . La mauvaise foi de ses interlocuteurs est de faire croire que la bonne exécution de missions de service public est liée à un statut exorbitant du droit commun. Ce statut n’avait jamais prévu lors de sa création et de son vote les deux caractéristiques de l’emploi à vie et de la non-sanction des insuffisances, et c’est pourtant là-dessus que se battent les thuriféraires du Service Public. Pour se faire ils partent de trois principes :
- le principe d’égalité qui postule que l’on entre et on progresse dans la fonction publique en fonction de ses capacités, principe géré par l’instauration de concours
- le principe d’indépendance du fonctionnaire vis-à-vis du pouvoir politique comme de l’arbitraire administratif
- le principe de responsabilité qui suppose que chaque agent public doit rendre compte de son administration
Sur la base de ces trois principes, ils concluent que le fonctionnaire acquiert son grade sur examen (hypothèse du talent), que sa carrière doit être indépendante des pressions et donc gérée à l’ancienneté (hypothèse de l’expérience), et qu’il n’a de compte à rendre qu’au public (hypothèse de la démocratie directe). Or chacune des hypothèses qui justifie l’emploi à vie (devenu emploi sur titres), la non-évaluation (devenue indépendance vis-à-vis des petits chefs) et la non-sanction (devenue inutile du fait de la dévotion au service public) est sujette à caution :
- les exploits d’un jour lors d’un concours ne garantissent en rien la nécessaire mise à jour des connaissances
- la non-évaluation sert surtout de couverture aux paresseux, incompétents et autres acariâtres pour continuer leur œuvre de désolation à l’abri de ceux qui oeuvrent pour de bon
- la non-sanction fortifie les profiteurs du système au dépens de ceux qui se donnent à leur tâche et subventionne à titre viager des incapables.
Tant d’évidences ne lassent pas les trompettistes de l’apologie du « statut des fonctionnaires ». Ils vont même plus loin, et suivant l’adage « plus on est de fous, plus on rit » ils ressassent leurs éternels gémissements sur le manque de personnel, en omettant soigneusement tout commentaire sur l’absentéisme record, les emplois de complaisance des administrations territoriales et les innombrables heures de délégation. Ils en arrivent aussi à interdire les critiques contre leur corporation au prétexte qu’il ne faut pas dresser une France contre une autre (pourquoi ne pas faire une loi prohibant l’incitation à la haine contre le service public ?). Tant que le gouvernement, et le parlement seront entre leurs mains (au moins sou leur contrôle), il ne faut malheureusement guère espérer de progrès.