J’entendais Paul Ariès sur je ne sais plus quelle radio hier. Un promoteur de la décroissance. Un promoteur de la gratuité généralisée. Pourquoi pas ? Le problème avec ce genre de pourfendeurs est leur incapacité à ne pas trainer dans la boue leurs adversaires qui sont un ramassis de riches et de parvenus abusant des pauvres gens ; Paul Ariès se montre remarquable sur ce plan en assimilant nazisme et révolution conservatrice, en fustigeant ses adversaires qui pensent mal. Leur deuxième défaut est de parsemer leurs discours de mots symboliques dont nous n’avons aucune définition : « les valeurs républicaine », « humanisme socialiste », « la production de lien humain » ; c’est beau, mais c’est inopérant de se réfugier derrière des expressions aussi imprécises. Un peu dommage que ses réflexions soient noyées dans ce pathos.
Tout n’est pas faux dans ce qu’il nous dit sur les méfaits de la publicité qui propage des désirs de consommation chez les plus faibles, les moins intégrés ; sur les méfaits d’une surconsommation qui s’apparente plus à du gaspillage qu’à une satisfaction de besoins ; sur le détricotage de l’identité de la France provoquée par la mondialisation. Au demeurant, ainsi énoncés, ce sont des constats plutôt basiques qui emporteraient l’adhésion s’ils n’étaient accompagnés d’une série de propositions qui elles renvoient à une socialisation à outrance : revenu mondial inconditionnel de subsistance (sorte de RMI mondialisé, qui ne va pas aboutir à beaucoup motiver les gens pour le travail, mais c’est justement son idée), gratuité extensive accordé à tout bon usage et taxation des mauvais usages (sorte d’emprisonnement généralisé, avec surveillance de votre conduite par des comités de quartier, et distribution de tickets de rationnement appelés droits de tirage), mise en priorité de la notion d’égalité devant celle de fraternité (qui devient inutile puisque la règle d’à chacun selon ses besoins pourra s’appliquer), et devant celle de liberté (qui devient extrêmement théorique, puisque la nécessité de partager un gâteau qui s’amenuise implique une vigilance de tous les instants des comportements hétérodoxes).
Que tout cela fait peur. Surtout énoncé, avec autant d’aplomb, par quelqu’un d’aussi brillant.