Bernard Guetta s'insurge, s'afflige, s'indigne, enrage, que personne ne manifeste contre le régime syrien, qu'aucun parti n'appelle à ... on ne sait trop quoi. Il imagine, un temps, que l'on livre des armes aux insurgés, avant d'avouer que c'est inutile ! Il aurait pu préciser que c'est déjà fait par les pays suniites tels que le Qatar et l'Arabie Séoudite, celà n'aurait nui en rien à son devoir d'information.
L'action selon le sachant de France-Inter, ce serait de manifester. C'est court, vieil homme. Les pleurnicheries ne servent à rien, lorsque l'on sait l'impossibilité pour les occidentaux d'envisager une opération militaire contre la Syrie, faute de moyens techniques, faute de moyens financiers pour soutenir une lutte longue, faute de solidité morale des opinions publiques. Mais à tout prendre les larmes ne font de mal à personne et satisfont la bonne conscience de celui qui les verse.
Le véritable problème de Bernard Guetta est son absence d'analyse. Pourtant d'autres ont mis à sa disposition des outils de réflexion (par exemple les dialogues de Gérard Chaliand et Vincent Desproges sur France-Culture, les articles de journaux du Moyen-Orient, et en particulier turcs). Mais le pauvre homme ne vit qu'avec ses quelques obsessions parisiennes, répandre la démocratie (comme en Irak par exemple), admirer les révolutions (comme celle de Lybie au passage), être aux côtés des conquérants de la liberté (comme les frères musulmans en Egypte).
Son seul propos est que nous proclamions tous notre haine de Bachar El Assad. Oui, certes, personne ne va défendre un tortionnaire, assassin d'enfants. Tout appel en ce sens est parfaitement oiseux, sauf à considérer que nous sommes des psychopathes qu'il est urgent de guérir. Les seuls propos qui seraient intéressants serait de savoir pourquoi cette guerre civile a éclaté en Syrie, quelles sont les motivations des différentes communautés religieuses (les 65% de sunnites, les 15% d'alaouites, les 10% de chrétiens, et les 15% de druzes et autres), des différentes communautés culturelles (celle de la côte, celle de Damas, celle d'Alep, celle d'outre-Euphrate) qui ont connu des histoires différenciées qui se mesurent en milliers d'années; quelles sont les inquiétudes des grandes puissances régionales (Turquie, Iran, Arabie Saoudite, Israël); quels sont les scénarios possibles (création d'un sanctuaire alaouite/chrétien, intervention militaire turque, terrorisme chiite).
Non, tout ceci n'intéresse pas notre penseur diplomatique du service public de France-Inter. Il fuit faut proclamer depuis sa chaire médiatique le langage convenu qui plaira dans les couloirs de sa maison, chez ses vieux amis, dans les cercles qui l'encensent dans la capitale.