Votre article dans le Figaro, intitulé « Compter avec la haine de l’Occident » a structuré ce que je pensais confusément.
Vous montrez que les raisonnements de nos élites sont toujours inversés : ils partent de ce qu’ils désirent pour expliquer, analyser le monde réel. De l’idée que la liberté individuelle et son corolaire, la démocratie, est le bien absolu, ils en déduisent que toute agression contre ces notions est le fait de criminels de droit commun ; de là ils ne peuvent accepter la notion qu’il puisse exister des ennemis de l’Occident, du moins de l’Occident apôtre des idées humanistes dont ils rêvent ; d’où la hantise de ne pas désigner dans le village mondial qu’ils prônent une quelconque catégorie qui pourrait ne pas adhérer à leurs lumières ; et s’ils ne faut stigmatiser personne, à l’exception bien entendu de ceux qui ne sont pas ouverts à leurs idées (les criminels), alors ils en arrivent à relativiser tous les évènements, à leur dénier toute signification.
Cette attitude est une insulte à la logique et la démarche scientifique : au lieu de partir des faits pour tenter de trouver une théorie qui puisse fournir un modèle explicatif, et donc permettre des analyses prospectives, ils préfèrent tordre les réalités pour essayer de ne sauver leurs postulats. La posture a existé de tous temps : naguère chez les tenants du socialisme scientifique pour occulter les réalisations du stalinisme et du bolchevisme, plus loin dans le passé chez les monarchistes de droit divin pour oublier les dérives de l’absolutisme, ailleurs chez les hindouistes pour nier les abus des hautes castes ; les exemples sont légions ; l’histoire a chaque fois mal tourné.
Vous osez dire que s’il faut être précautionneux dans la désignation de ses ennemis, il ne faut pas hésiter néanmoins à les identifier : et qu’aujourd’hui ils se nomment le fondamentalisme musulman.