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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 17:53

Michel Camdessus trouve trois raisons à la perpétuation de la crise : la perte de confiance qui se transforme en rumeur (toute décision des états européens est analysée négativement), la mauvaise gestion des états depuis des décennies qui les a amené  à un endettement devenu insupportable si des mesures drastiques (que personne ne propose) ne sont pas prises, la perte de valeurs qui a laissé monter dans nos sociétés consumérisme et absence de solidarité.

Je trouve qu'il mélange trois facteurs qui ne sont pas de même nature. Le premier n'est que la conséquence du second et le second la conséquence du dernier. La perte de confiance n'est que le reflet désabusé de l'opinion mondiale face à des états qui ont oublié de se gérer depuis belle lurette.  L'accroissement des dettes n'a été qu'un mode de gestion laxiste de gouvernants qui n'avaient qu'une idée : préserver un modèle social bâti sur la compassion et la paresse. Sur ce dernier point l'exemple le plus éclairant est  celui des sub-primes qui a mis le feu aux poudres : l'état américain dans un double souci de loger tous les malheureux a aboli l'idée qu'un prêt à un individu puisse nécessairement être remboursé; on prêtait à des gens sans revenu, sans actif;  la sanction a plongé dans un malheur encore plus grand ceux que l'état américain a cru aider et a provoqué une immense déflagration qui a d'abord failli emporter le système bancaire et qui maintenant menace les états.

La perte de valeurs est véritablement au centre du sujet :  c'est elle qui explique que l'on puisse décider de faire produire des richesses dans des pays émergents au prix d'un effroyable dumping social et écologique, tout en maintenant la fiction que ce transfert nous est bénéfique. C'est elle qui autorise les consommateurs à refuser une juste rémunération des producteurs au prix d'une idéologie débridée qui sacralise la productivité au détriment de la qualité, tout en laissant croire que l'inflation de la consommation est synonyme de récompense individuelle. C'est elle qui nous a fait croire que le parasitisme était la doxa du futur : pendant que les autres produiraient, nous leur offririons nos services, nos prestations; l'avenir était dans le service pendant que les émergents se contentaient de la production. Tous ces raisonnements faux étaient bâtis sur le mépris d'un travail de création exigeant, au profit d'un travail de contrôle et de préconisation moins fatigant, sur la préférence donnée à la consommation au meilleur prix, au détriment de la production de qualité, sur la satisfaction immédiate des besoins des pays développés au détriment d'une évolution consensuelle et harmonieuse des pays émergents.

Ces valeurs perdues sont celles qui favorisent le travail de création, la juste rémunération de la production, la préservation des richesses héritées. Dans sa folie consumériste l'occident a oublié la transmission du passé (antidote contre l'arrogance), la fraternité avec le monde (nécessité vitale), la responsabilité d'exploiter ses talents (obligation morale).

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