Tout le monde se focalise sur le déficit budgétaire en s’alarmant sur le niveau des dettes publiques calculé en % du PIB. D’abord, le PIB est un instrument approximatif qui ne représente la réalité que de très loin en survalorisant toute sous-traitance, et en sous-évaluant toute autoconsommation. Il est de plus exprimé dans la monnaie du pays concerné et donc pas nécessairement dans la monnaie des emprunts. De plus on ne comprendrait pas de laisser de côté la dette privée. Il serait étrange de bâtir une règle d’or à partir d’un instrument aussi contestable.
Les inquiétudes des créanciers ont trouvé leur origine dans la mauvaise gestion économique des pays emprunteurs constatée par le creusement de leurs déficits commerciaux. Ceux-ci sont la mesure brutale non pas seulement du dérèglement financier, mais beaucoup plus concrètement de la désindustrialisation, et de la délocalisation des services. L’origine de ces pertes de substance est certainement à trouver pour partie dans des dumpings de quelques pays (social, environnemental, monétaire), mais aussi dans l’inefficacité de la gouvernance publique des pays occidentaux. La source de nos maux n’est pas que le fait de pays cyniques qui abusent des règles de libre-échangisme commercial et financier. Elle provient aussi de l’hypertrophie d’états qui ont brouté la laine sur le dos des producteurs. S’il faut pourfendre l’ultra-libéralisme qui a ouvert nos frontières à des produits et services bas de gamme, et à des capitaux errants, il faut également s’attaquer à l’ultra-étatisme qui sous couvert de « principe de précaution », de « sécurisation » conduit à une mise en tutelle de tous les citoyens, la prolifération de l’esprit de rente (pour ceux qui en bénéficient et qui s’y accrochent) au détriment du développement de l’esprit d’entreprise et d’audace.
In fine, les problèmes à résoudre paraissent bien étrangers à nos gouvernants. Ils ne paraissent intéressés que par la fuite en avant : plus d’impôts pour colmater les déficits, plus de règles budgétaires européennes pour continuer d’emprunter, plus de sauvetage de pays au prix de récessions insupportables à moyen-terme, plus d’ententes et de compromis avec les pays les plus cyniques (avec l’Allemagne pour l’euro, avec la Chine pour l’OMC , avec les Etats-Unis pour les mouvements de capitaux, etc…). Le problème de la fuite en avant à toujours été soit que l’on s’essouffle, soit que l’on trébuche. Il vaudrait mieux faire face maintenant et parler d’une part taux de change, contrôle des mouvements de capitaux, d’autre part dégraissage du mammouth (pas seulement celui de l’Education Nationale).