Aversion au risque, aversion envers l’industrie, égoïsme de clocher. Tous les ingrédients sont là dans le refus des élus du Port de Bayonne d’accepter un nouveau trafic de nitrate d’ammonium transitant par le port de Bayonne depuis l’usine de Yara sur le site de Pardies.
Le site de Pardies (créé lors du développement du gisement de Lacq) est fragile face à la compétition internationale. Après la fermeture des unités de Celanese, reste en activité l’unité de production industrielle de Yara occupant une centaine de personnes en direct. C’est vrai, ce n’est plus un site stratégique, mais lorsque l’on parle délocalisation tout compte.
Monsieur Grenet, député-maire de Bayonne, n’a rien à cirer que le nitrate d’ammonium transite par train jusqu’au port de Port La Nouvelle ; l’important est qu’il ne vienne pas dans son port. Monsieur Grenet n’a rien à cirer de quelques emplois dans un bassin déjà sévèrement touché ; l’essentiel est de vivre de la rente du tourisme au pays basque. Lorsqu’on consulte le site du port de Bayonne, il faut se contraindre pour ne pas hurler de rire : parmi les deux projets du port mis en exergue pour montrer la dynamique d’un grand port européen, on relève la création de pistes cyclables et zones boisées, et une route de contournement de la zone portuaire. Pas de volonté économique, pas d’avenir industriel, aucun autre souci que celui d’ aménager au mieux une résidence pour personnes âgées.
Pour camoufler leur inertie et leur égoïsme, les élus locaux se drapent sur ces mêmes discours usés que l’on rencontre dès qu’un industriel veut développer une nouvelle activité : absence de transparence du projet, non respect de la population et des élus dans le processus de décision. Les plus farouches défenseurs de la désindustrialisation, des élus verts, non seulement se rangent avec enthousiasme à la décision de refus du maire de Bayonne, mais de plus en rajoutent dans l’hypocrisie en proclamant leur solidarité avec les salariés de Yara.
Cet épisode est un vivant témoignage de la difficulté de conserver nos industries en France. Hostilité des lobbies écologistes, indifférence des magistrats municipaux, absence de volonté forte de l’état. C’est contre cet état de fait qu’il faudrait lutter en renforçant le lien entre les recettes fiscales des communes et les résultats des établissements qui y sont installées (réforme à nouveau de la taxe professionnelle) ; en diminuant l’emprise des associations dans les décisions économiques (suppression par exemple des commissions Locales d’Information) ; en restaurant le rôle de protecteur de l’industrie des Directions Régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (modification de leurs missions qui se cantonnent quasi exclusivement à la biodiversité et à la prévention des risques).