Légitimité du Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie institué en mai 1993 après une résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies, qui n’a aucun rôle d’ordre judiciaire, mais est chargé de la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. ? (Il faudrait d’ailleurs se demander si la mission première dudit conseil n’était pas d’abord de sauver la Yougoslavie au lieu de laisser faire son dépècement)
Légitimité d’un tribunal installé à La Haye, dans le pays même qui a de notoriété publique été incapable d’arrêter, ou au moins de s’opposer au massacre perpétré par Mladic. (Manfred Gerstenfeld : Le massacre de Srebrenica, pourquoi la Hollande a failli a sa mission) ?
Légitimité des juges d’un tribunal dont la présidence est assurée par un jamaïcain et la vice-présidence par un coréen, dont la probité ne peut masquer leur éloignement d’un conflit complexe ancré dans une histoire longue et tumultueuse ?
Sous couvert de juger des crimes commis en Bosnie, il s’agit, suivant une longue tradition historique de la justice des vainqueurs s’exerçant sur les vaincus. Triste banalité qui s’appuie sur deux soucis, l’un légitime, qui est de se méfier des sanctions qui pourraient être infligés aux criminels par un tribunal serbe, l’autre parfaitement politique qui est de camoufler ses propres errements en contrôlant la procédure et en évitant tout dérapage sur les complicités passives des vainqueurs. Cette procédure se trouve de plus entachée par le recours à la force du chantage : vous, Serbie, pays vaincu, livrez nous vos criminels, faute de quoi vous n’aurez pas le droit d’entrer dans la Communauté européenne et de bénéficier des mannes des subventions au développement.
Que certains s’esbaudissent devant une telle justice internationale fait frémir : comment juger au nom de principes suprêmes en les maltraitant avec complaisance.