Le déclin de l’Europe est marqué en termes de croissance. A un taux de croissance de 4,5% par an entre 1965 et 1974 (contre 3.7% pour la même période aux Etats-Unis) a succédé un taux de 2,5% pour 1975-1984, puis de 2.% pour 1985-1994 et enfin de 1.9% pour 1995-2004 (contre un taux autour de 3% pour tout cette période aux Etats-Unis . La pente paraît inéluctable et l’Europe ne semble pas s’être remise du choc pétrolier de 1974. La construction du marché intérieur européen a de toute évidence été un leurre : l’ouverture aux produits manufacturés des pays émergents a peut-être profité un premier temps aux consommateurs, elle a surtout contribué à la désindustrialisation. La création de la zone Euro a objectivement fait empirer la situation relative de l’Europe par rapport à ses concurrents : la surévaluation de la monnaie européenne (1€=1.17$ en 1999, 1€ = 0.82$ en 2000, et 1€ dépassant 1.4$ à fin 2007) a aggravé le manque de compétitivité de nos productions.
Les leçons du passé sont têtues. Mais nos dirigeants le sont aussi. Au lieu de confesser que toute cette construction européenne a été une erreur, ils préfèrent affirmer que l’erreur a été de ne pas avoir été plus loin dans l’intégration ; ils ne disent rien de la désindustrialisation subie depuis près de 40 ans et de ses causes ; ils se figent sur des problèmes de trésorerie immédiate : la Grèce peut-elle rembourser, la France est-elle trop endettée ; certes il faut soigner sa trésorerie, car sans elle personne ne peut espérer une quelconque prospérité ; mais cela ne justifie en aucune manière de s’enfoncer dans une politique néfaste. Le grand argument (ânonné par tous les eurocrates, et encore Michel Barnier ce matin) est que nous sommes trop petits, sans influence si nous ne sommes pas unis : ou c’est de la désinformation, ou les chiffres n’ont plus de sens. Le PIB de la France est supérieur à celui du Brésil, représente plus de la moitié de celui de la Chine, et un peu moins d’un quart de celui des Etats-Unis. L’Allemagne est le premier exportateur mondial devant la Chine et les Etats-Unis, la France étant le sixième.
Si nous sommes en déclin alarmant, c’est en termes de progression. Le socle est encore impressionnant. La volonté des états de repartir peut encore s’exprimer, si les peuples qu’ils représentent se sentent encore fiers de produire, de construire. La Communauté européenne, l’Euro sont des outils du passé qui ont failli. Il faut les abroger (en douceur) pour retrouver de nouvelles solutions par la coopération entre états européens : une alliance économique entre quelques uns d’entre eux représentera sans conteste la première puissance économique mondiale.