Hier au Grand Journal de Canal+ Nicolas Demorand s’est fait une gloire de ne jamais avoir lu préalablement un mot des interventions de ses « humoristes » pendant la matinale de France-Inter. Il déplorait du coup une vulgarité de Didier Porte sur Fillon et Sarkozy ; il s’est abstenu de commenter le lynchage permanent de Besson et Zemmour par Stéphane Guillon ; il aurait été intéressant de connaître sa réaction sur la chronique de François Morel à propos de la famille Villiers.
L’attitude autoproclamée que la liberté de penser passe par une liberté d’expression sans limites (sinon celles de la sanction de l’écoute) est difficilement acceptable pour au moins deux raisons :
- L’animateur (Demorand en l’espèce) est dans l’esprit de l’auditeur une sorte de rédacteur en chef ; ce qu’il laisse dire au nom d’une anarchie libératrice est de facto sous sa responsabilité ; qu’il refuse d’assumer ses devoirs me parait poser problème ;
- Le droit de réponse est complètement inapplicable dans le cas de la famille de Villiers (que dire face à l’indécence?) , ou dans le cas de Fillon-Sarkozy (que répondre à des grossièretés ?) ; il est difficilement exerçable pour Besson ou Zemmour (ce ne serait qu’une occasion de répéter le lynchage).
Beaucoup de plaignent des infamies pouvant être répandues sur leur compte sur internet ; au moins faut-il que l’internaute aille les chercher ; dans la presse écrite, la radio ou la télévision les calomnies ou les rumeurs sont balancées de force au public (sauf à fermer les yeux et à se boucher les oreilles) . De toute évidence le véritable problème devient l’absence complète de contrôle (de censure, osons le mot) puis de sanction (de punition par la suspension du droit de communiquer) des rédacteurs, rédacteurs en chef sur leurs journalistes, et en particulier sur leurs « humoristes ». Que des zozos disent des horreurs est inévitable, que des responsables ne les blament que du bout des lèvres est une absence de courage.