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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 16:56

Le troisième âge de Neuilly-Auteuil-Passy et de Versailles se presse dans les salles de Jacquemart-André pour regarder ce que le musée propose à leur admiration. Un invraisemblable ramassis d'oeuvres collectionnées par un nabab mexicain des télécoms. Les choix de l'affairiste hispano-aztèque se révèlent en totale concordance avec les  goûts des nouveaux enrichis (banquiers et industriels) de la grande période de prospérité économique de la Grande Bretagne de l'époque victorienne. Luxe païen et débridé, situé de préférence dans un univers antiquaillant de pure fantaisie. Femmes et hommes habillés de tuniques aux plis qui n'obéïssent à aucune logique, sinon celle d'une complexité qui fait étalage de la science de l'artiste. Visages des femmes qui suintent la luxure et le plaisir tarifé. Corps sculpturaux qui se contorsionnent dans des attitudes figées. Pas d'âme. Pas de mouvement. Peu de sensualité. Des paysages insipides. Des couleurs de layette. Les oeuvres qui échappent au désastre sont les quelques aquarelles, et une esquisse dans lesquelles les artistes n'ont pas eu le temps et le courage de camoufler leur talent pour le plaisir de leurs commanditaires.

Le double intérêt de cette exposition est d'abord l'admiration gatouillante de la foule qui se presse dans les salles : quoi de plus risible que ces grand-mères qui se pâment devant la représentation de beautés échappées d'un boxon, ces couples qui  s'intéressent aux orgies sirupeuses d'un Héliogabale, ces conférencières qui tartinent de leur culture ces croutes insipides. Il est ensuite la constatation qu'en marge de l'art a toujours existé des caricatures que l'on baptise art pompier quand l'état est commanditaire , art kitsch quand ce sont des millionnaires, art populaire pour les concierges et autres leaders d'opinion de la rue; là on est dans la peinture pour des londoniens fortunés de la deuxième moitié du XIXème siècle : des matériaux luxueux et du nu, du laïc et de la chair, du repos et du lascif; la beauté y est dégradée; l'inspiration ravalée dans le désir de plaire;  la technique picturale éblouissante tente de camoufler ces insuffisances. Bien loin hélas de Baudelaire  :

Là, tout n'est qu'ordre et beauté

Luxe, calme et volupté.

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