Lors de sa séance du 22 mars 2012 le Haut Conseil pour l'Avenir de l'Assurance Maladie " (encore un Haut conseil peuplé de sages, sans doute ?)a adopté à l'unanimité (!!!) un rapport écrit dans un jargon épais qui cache mal un refus d'analyse, s'accompagnant d'une absence de solutions.
Au lieu de s'étonner, ou au moins, de se poser des questions sur l'inflation continue des dépenses de santé dans notre pays, il se borne à tenir pour acquis (voire à présenter comme un objectif souhaitable) que ces dépenses croissent dans les années à venir de 2.5% par an; les deux seules tentatives d'explication sont liées à l'allongement de l'espérance de vie, et à l'accroissement de technicité des soins. Rien n'est dit de sujets qui fâchent : la surconsommation française de médicaments, le manque de généralisation de l'utilisation de génériques, le désastre de la médecine de ville qui s'enfonce dans la bobologie, l'absence de présence des médecins auprès de leurs malades qui provoque par contre coup l'encombrement des services d'urgence des hôpitaux, la triche éhontée sur les arrêts de travail, les médicaments de confort, le tourisme sanitaire des étrangers; tout celà est trop terre à terre, loin des préoccupations des soixante membres du Haut Conseil. De ce fait au lieu de promouvoir des pistes d'économies, il lui semble plus judicieux de demander un effort de cotisation supplémentaire.
L'allongement de l'espérance de vie est , sans aucune discussion, présenté comme un progrès qu'il faut subir. Pas la moindre pensée sur la pertinence de l'idée de "sauver" des grabataires, de prolonger l' "existence" de personnes en grande souffrance, d'imposer de "vivre" à ceux qui ne le veulent plus. Ah certes, la discussion est difficile, il faut éviter les pièges de l'euthanasie, il faut de l'humilité et du courage pour tenter d'aborder ces sujets. Le Haut Conseil préfère se réfugier dans l'abstention. Le même genre de problème se pose pour l'accroissement de la technicité des actes médicaux : là aussi, l'idée que des coûts pussent être exorbitants ne semble pas les effleurer. Ne lisez pas, il n'y a rien à lire dans le rapport du Haut Conseil.
L'idéologie qui guide le Haut Conseil est obscure : veulent-ils responsabiliser le corps médical dans son idée de "parcours de santé", ou bien les patients. Dans le dédale de leur démonstration, rien ne le dit vraiment. A un moment ils parlent de ficher tous les malades : mais on ne sait pour quel objectif ? A un autre ils demandent une meilleure répartition sur le territoire : mais nul ne peut deviner comment cet objectif souhaitable pourrait être atteint. Il s'agit plutôt d'un recensement de voeux pieux, qui ne remettent en cause ni l'exercice libéral de la médecine, ni le droit des patients de choisir ses soignants, mais qui ne veulent également remettre en cause ni une gratuité quasi totale des soins, ni le mode de financement équilibré entre dépenses et recettes de l'assurance maladie. A force de ne faire aucun choix ce rapport se résout à être un texte courtelinesque dont la lecture rend malade.
Pourquoi rassembler soixante personnes, une fois par mois, pendant des années, pour en arriver à un résultat aussi nul?