Nicolas Dupont-Aignan a probablement raison. Il ne fallait pas prêter à la Grèce. Pour au moins deux raisons :
- Ce prêt est une mauvaise manière faite à la Grèce qui doit mettre en place un plan de rigueur sans pouvoir dévaluer ; ce pays doit effectivement guérir ses finances publiques, ses excès de fonctionnarisation, mais en même temps on ne l’autorise pas à pouvoir abréger ses souffrances en profitant d’une dévaluation compétitive ;
- Il était inévitable que soit testé le pays suivant sur la liste des mauvais gestionnaires : l’Espagne (qui a construit une prospérité économique sur une bulle immobilière); et alors qu’il était imaginable d’aider un petit pays, la même solution est inapplicable politiquement car les allemands refuseront et les français seront réticents ;
Alors ? En aidant la Grèce on a caché les problèmes dans le placard. Mais les faits sont têtus : la dette publique de beaucoup d’états européens (dont la Grande-Bretagne et la France, et aussi celle des Etats-Unis, du Japon) n’est pas remboursable sans un effort de redressement des finances publiques. Il ne sert à rien de crier contre les agences de notation (certes plutôt mauvaises que bonnes, mais elles ne sont que le reflet d’une opinion commune), contre les banquiers (certes aggravant la spéculation plutôt que la modérant, mais ils ne font que gérer et protéger l’argent de centaines de millions d’épargnants du monde entier).
Alors ? Il faut, au moins pour les pays de la zone euro, s’attaquer au mythe de l’Euro, définir ce à quoi il peut encore servir : peut-être juste un droit de tirage spécial au sein d’un FMI européen ? peut-être une monnaie commune, garantie par l’ensemble des membres participants, servant à emprunter tant en Europe que sur les marchés internationaux, et qui ne serait réallouée aux participants du pool emprunteur qu’en fonction d’un programme précis ? Trouver le moyen de réintroduire des monnaies nationales bénéficiant d’une ombrelle européenne , en signant un nouveau pacte de Bretton-Woods au sein de l’Europe ?
Une grosse négociation à lancer, bien plus cruciale que les objectifs intéressants mais sans envergure du G20 (les paradis fiscaux, les bonus, les normes comptables).