Déjà les médecins ont des prétentions à régir votre vie ; lorsque de plus ils sont membres du parlement ils s’engouffrent dans la délicieuse tentation de la proposition de loi. C’est ce que fait avec une constance, indigne d’admiration, Edwige Antier. Après sa célèbre proposition de loi contre la fessée enterrée sous les lazzis, la bonne femme récidive en aggravant son cas : non seulement la fessée devient illégale mais également les « violences psychologiques » des parents envers leurs enfants.
L’inapplicabilité d’une tel texte est patente … sauf à imaginer une réseau de délateurs et de délatrices chargés de recueillir la précieuse « vérité » qui sort de la bouche des enfants afin de faire un sort aux parents désobéissants ; imaginons des chefs d’ilots qui viendraient faire leur rapport à une autorité supérieure sur les mots sortis de la bouche de telle mère énervée ou de tel père hors de ses gonds, recueillant les témoignages des bambins et des voisins, afin de donner une leçon de civisme, de citoyenneté, de morale, d’éthique aux parents indignes ; voire de leur dresser un procès-verbal de carence en éducation . Eternel attrait du « meilleur des mondes ».
La pertinence d’un tel texte est pour le moins discutable : ce n’est pas parce que l’on est médecin que l’on dispose de qualités d’éducateur, ce n’est pas parce que l’on est pédiatre que l’on sait ce que sont des enfants au jour le jour. Le postulat de base est de faire croire que munie de quelques diplômes, ayant reçu en consultation des enfants malades, elle a une compétence sur ce qu’est un enfant supérieure à ceux qui les ont mis au monde et commencé leur éducation. Eternelle vision psychotique (diagnostic d’idées délirantes, s’exprimant sous forme de logorrhée) de gourous qui se croient investi d’une mission et refusent aux autres la moindre capacité de raisonnement et de compréhension.
Le véritable combat n’est pas à mener contre des parents qui font ce qu’ils pensent devoir être fait, avec leur expérience, leur amour, leur tendresse, mais contre ces représentants d’une dictature des comportements qui ne font confiance à personne d’autre qu’à eux-mêmes.