L’expression orale d’une des vedettes de la politique, Nathalie Kosciusko-Morizet, est élégante et tranchante, sans conteste. Ses déclarations sur la pertinence de la réforme qui a sauvé le système de retraites par répartition, ne peuvent honnêtement lui être imputées à mal, elle ne s’ est jamais occupée de ce sujet et n’est que le haut-parleur des « éléments de langage » préparés par l’Elysée. Plus intéressant est sa propension à se couler dans tous les conformismes, à être une sorte de victime de toutes les modes du moment. Prenons dans sa conversation avec un journaliste du Figaro, trois exemples.
Christian Vaneste a proposé de réfléchir à un rapprochement entre l’UMP et Marine Le Pen. La réponse de NKM fuse, en deux salves : « le débat n’a pas lieu d’être », « il doit quitter l’Ump » ; quelle posture étrange de refuser un débat, sans dire pourquoi ; quelle attitude surprenante de prôner l’exclusion sans donner de raisons ; rien d’étrange et de surprenant en réalité, mais un souci de protéger sa propre image de marque d’intransigeance avec la peste brune ; et je crains que sa peur du tabou soit beaucoup plus forte que sa volonté d’exprimer pourquoi elle voit encore une peste brune dans les idées de Marine Le Pen. Nous ne sommes plus dans le rationnel, mais dans le marketing de sa propre personne.
Copé a proposé d’instaurer un examen d’entrée en 6ème, afin d’éviter de poursuivre des parcours d’échec au collège tant que des acquis fondamentaux ne sont pas en place. La contreproposition de NKM est dans la droite ligne du pédagogisme qui mine l’école : pas d’examen, mais un bilan des connaissances en fin de cours élémentaire. La sacro-sainte idée qu’il ne faut pas traumatiser les enfants avec des notes, se conjugue avec l’incapacité à concevoir qu’il s’est révélé inefficace d’encombrer le secondaire avec des gens qui ne savent ni lire convenablement, ni écrire avec aisance, ni compter sans erreurs. Nous ne sommes plus dans le rationnel mais dans la complaisance avec les syndicats de l’Education Nationale.
Sur son terrain familier, celui des technologies numériques, son désir de promouvoir un « samll business act » (pourquoi ce charabia anglais, les mots français seraient-ils sales ou incompréhensibles ?) est louable, mais ne fait qu’obéïr à ce doux travers de nos hommes politiques : un problème ? une loi ! Que ne comprend-elle que la prospérité économique (et en ce secteur comme dans tous les autres) que le développement en France, patine non pas faute d’initiatives individuelles, mais du carcan des règlements ; la liberté d’entreprendre et de secroître passe par l’abrogation de règlements et de lois . Mais, ce n’est pas son sujet, elle rêve d’une Loi « Kosciusko-Morizet".
Dommage que tant d’intelligence et de charme soient au service de tant de rouerie.