Le corps médical s’est arrogé un droit suprême celui de sauver la vie. Ce n’est pas le geste altruiste de celui qui vient au secours d’un noyé, quelque fois au péril de sa propre existence. Ce n’est pas le discours de ceux qui aiment qui tentent de protéger un adolescent, ou un dépressif d’un emballement subit pour sa propre annihilation. Non, ils ne sauvent ni par amour, ni par instinct mais au nom de principes qu’ils ont choisi de respecter et qu’ils baptisent code d’éthique. Que chaque profession ait un corpus de règles déontologiques, quoi de plus normal, de plus respectable. Le problème est que les règles médicales empiètent à la fois sur le libre-arbitre des individus et sur leur dignité d’être humain. L’exemple le plus patent est l’inversion du raisonnement qu’ils tentent de propager : il est obligatoire pour un patient de se laisser soigner et l’interruption d’un traitement est une euthanasie. La première réalité est qu’un médecin n’est qu’un technicien du corps que chaque patient consulte ; le terme est clair : le médecin propose, le patient dispose. La deuxième est que la vie n’est pas une conséquence de médications, d’opérations et d’appareillages. Lorsqu’un soignant refuse de débrancher un malade (l’exemple le plus célèbre aujourd’hui est celui d’Ariel Sharon), il ne sauve pas une vie, il laisse croire tout à la fois qu’il ne fait qu’exécuter des volontés implicites et que la technique peut triompher de la mort. Deux mensonges. Si personne n’a le droit de donner la mort à un autre être humain, sauf pour se défendre, personne ne peut s’arroger le droit de faire vivre à l’encontre d’une volonté lucide, et en l’absence de clairvoyance, au moyen de dispositifs techniques quels qu’ils soient. La prise en otage de nos existences par une science arrogante est à combattre.