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4 novembre 2013 1 04 /11 /novembre /2013 18:54

D'un fait divers, une journaliste anonyme et son technicien qui se font exécuter après avoir enfreint les conseils de prudence que leur avait donnés l'armée, le monde médiatique, dans une crise de nombrilisme rarement égalée jusqu'ici, fait une épopée : la courageuse et insatiable professionnelle, suivie de son fidèle collaborateur vont traquer l'info au péril de leur vie, et les deux héros après avoir recueilli les confidences d'un noble touareg se font lâchement assassiner par des terroristes. Le ridicule de l'affliction submerge chaînes de radio, de télé, journaux papiers ou du net; aucun mot, aucune expression ne sont trop forts pour convaincre le clampin de l'étendue de leur chagrin :  "c'est comme un membre de notre famille qui disparaît", "RFI en pleurs", "la liberté de la presse assassinée", "ils ont succombé à la barbarie". Ils embrigadent dans leur cortège funèbre tous les hommes politiques qui se fendent de communiqués pesants; et Aurélie Filipetti qui proclame "Ghislaine Dupont et Claude Verdon sont tombés pour la liberté d'informer" (pourquoi a-t-elle omis "au champ d'honneur" tant qu'elle y était); et Hollande qui fait informer qu'il convoque des ministres en réunion de crise (pour quoi faire, les victimes sont mortes);  et Ayrault qui assure "que tout sera fait pour retrouver les auteurs de cet assassinat" (on s'en doute, la seule chose intéressante et qu'il n'a pas dite est avec quels moyens). Et travers feue leur consoeur, ils célèbrent leur amour de la liberté, leur dévouement à la cause de l'information, leur courage que ne sauraient abattre de tels drames.  Autocélébration qui transforme un deuil en ridicule étalage de vanité.

L'émotion avait été autrement bien canalisée pour le meutre de Philippe Verdon, géologue (?) cet été au Mali, ou l'assassinat Stéphane Frantz  par des insurgés d'Abidjan en 2011, ou encore bien d'autres disparus dans des circonstances tragiques. Mais leur nécrologie se devait d'être brève puisqu'ils ne faisaient pas partie de la sainte milice des journalistes.

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