Les fonctionnaires, représentés par un gouvernement à ses ordres, font la poche des autres citoyens avec un cynisme confondant. D'un côté accroissement des impositions de 20 milliards sur les personnes physiques et les sociétés (qui, in fine ne sont rien d'autre que des personnes, salariés, créanciers, actionnaires), et de l'autre non augmentation globale des budgets de l'état que l'on nous présente comme une économie de 10 milliards. La farce serait drôle si les dindons n'en étaient pas tous les non-fonctionnaires; on glousserait si l'on ne voyait les renards se goberger dans le poulailler.
Sous le prétexte de ne pas dresser une France contre l'autre, il est d'usage d'admettre que notre fonction publique est exemplaire et que toute atteinte à son effectif ou à son niveau de vie aurait pour conséquence la baisse de la qualité des services publics. Au nom de quel intérêt supérieur faut-il consentir à ces mensonges : la crainte de grèves, la peur d'une guerre civile, la sanctuarisation de l'état à la française. Qui n'a pas mis en évidence les doublons, les empilements, le népotisme, la dolce vita de la fonction territoriale (rapport Dosière, en dernier lieu). Qui ne s'est pas moqué des commissions multiples, des hautes autorités innombrables, des cabinets pléthoriques, du favoritisme qui sont la bouffissure de l'état central. Qui ne s'est pas plaint de l'amalgame invraisemblable de lois votées en rafale, contradictoires entre elles, suivies de décrets qui s'éloignent de ce qu'a prévu le législateurs, et de circulaires qui s'en écartent encore davantage. Tout celà figure dans les rapports documentés annuels de la Cour des Comptes, ou du Conseil d'Etat (sur l'inflation législative en particulier) : mais les aboiements peuvent retentir et la caravanne de l'état continuer son train-train brinqueballant. Le gouvernement feint de diriger un char qui va au train que lui impose son attelage : les français sont des veaux menés par des boeufs.
Après l'incurie des années Chirac, les fausses réformes des années Sarkozy, voici maintenant venu le temps de la satisfaction des promesses données par des démagogues aux fonctionnaires qui les ont portés au pouvoir avec le respect de trois dispositions fondamentales : pas touche aux effectifs (les réductions d'emplois sont bonnes pour le privé), pas touche au statut (la flexisécurité s'est bien pour ceux connaissent déjà la précarité), pas touche au salaire (la baisse de l'intéressement, la hausse des cotisations dans les entreprises c'est nécessaire pour les autres).
Mais quand procédera-t-on au sacrifice de ces boeufs trop gras aux dieux de la prospérité ? Espérons qu'il ne faudra pas attendre cinq ans.