En France on a des ressources, mais on n’a pas d’idées. L’exemple le plus éclatant vient d’être donné par l’interdiction, en bonne voie, de l’exploitation de gaz de schistes. Elle est réclamée par un amalgame de cévenols (qui ont oublié leurs exploitations charbonnières), d’écologistes qui ne pensent qu’à leurs randonnées pédestres ou à vélo, de socialistes dont on se demande pourquoi ils se sont embarqués dans cette galère et de tous les populistes de droite qui craignent tellement leurs électeurs que la plus petite des manifestations les met en transes. Tout ce beau monde ne parle jamais de l’intérêt potentiel de cette ressource : ils ne savent pas ? Ils ne veulent pas savoir ?
Et pourtant ce gaz de schiste peut être créateur de richesses, et la moindre des honnêtetés serait d’examiner ce qu’il y a dans les deux plateaux de la balance. Les arguments des opposants à son exploitation sont ressassés jusqu’à la nausée. L’intérêt de cette ressource n’est guère mis en avant. Il existe au moins deux raisons majeures :
- Une source de gaz nationale pour faire fonctionner nos centrales thermiques, avec le double avantage d’une économie de devises en substituant du gaz au charbon importé ou au fuel lourd désulfuré également importé(ce qui n’est pas négligeable en temps de crise aigüe de notre balance commerciale) et d’une indépendance énergétique accrue
- Une matière première pour nos unités chimiques ; déjà aux Etats-Unis va se manifester une accélération d’une production compétitive d’éthylène, sur base de gaz, qui viendra concurrencer les production européennes, sur basse de naphta ; l’alternative pour les crackers européens sera de se concentrer sur la fabrication de propylène en important les naphtas à bas prix du Moyen-Orient En ne produisant pas de gaz de schistes nous fragilisons les derniers restes de notre industrie chimique nationale.
Faute de confiance en nos idées pour exploiter proprement ces gaz de schistes, nos politiques préfèrent se rallier à une bande de bobos mi-urbains, mi ruraux, et oublient avec enthousiasme leurs slogans sur la nécessité de réindustrialiser le pays pour y créer des emplois, ou pour au moins arrêter la délocalisation des unités de production industrielles qui nous restent. Pourquoi les syndicats ne réagissent-ils pas ? Pourquoi les électorats ouvriers ne manifestent-ils pas ? Qui ne comprend pas la fragilité de nos installations chimiques de Dunkerque, Carling, Marseille-Fos ?