La seule bonne conséquence que je vois à l’affaire de DSK est le rappel opportun à tous nos hommes politiques français que la roche tarpéienne est près du Capitole. Coupable ou pas, ce pauvre DSK s’est montré indigne de la fonction qu’il voulait briguer, en étalant avant midi heure de New-York et après une heure, heure de New-York, une insoutenable légèreté, imaginant vivre dans un petit cocon protecteur dans lequel ses lubies seront ignorées, oubliées. S’il n’était le seul ! Mais tous ses congénères qui pensent, et vous le répètent à l’envi que la politique est un métier, se construisent ce même cocon protecteur : abrité dans leurs palais nationaux, leurs voitures de fonctions, leurs emplois plus ou moins fictifs, certains en arrivent à ne plus s’apercevoir qu’ils sont des êtres comme les autres. Et de glissades en dérapages, de compromis en compromissions, de petits oublis à de gros mensonges, les plus fragiles d’entre eux entrent benoitement dans le domaine de la délinquance.
Le coup de tonnerre disqualifie certes un homme, mais il disqualifie surtout ce métier de politicien. Les bonnes âmes se répandent en disant que les crimes d’un seul ne peuvent entacher la vertu des autres ; ils ont tort. Les débordements de tous ces professionnels sont légions : les ignominies de Chirac dont certaines finissent par arriver devant un tribunal malgré les embûches semées par tous ses affidés, les grand guignoleries de Villepin devant un tribunal, les turpitudes de la famille Guérini en instruction, les dévoiements de Ségolène Royal condamnée au tribunal des prud’hommes, les maladresses d’Eric Woerth et de son épouse, etc… etc… obéïssent toutes au même adage « quos vult perdere, Jupiter dementat ».
Ce métier de politique, du moins lorsqu’il est pratiqué par les quelques dizaine qui détiennent la réalité du pouvoir, rend fou : la maladie fait son chemin au travers de la flagornerie de leurs cabinets, de leur starisation par les médias, de leur écartèlement entre des obligations qu’ils s’inventent. Ils se croient hommes d’actions parce qu’ils sont des hommes occupés. Ils se prennent pour des décideurs parce qu’ils suivent les opinions de leurs conseillers. Ils s’imaginent populaires parce qu’ils trustent la parole et les images. A force de s’abuser sur leurs propres forces, ils imaginent que tout est permis pour que se poursuivent des destins aussi prometteurs. A force de se raconter des histoires, et d’écouter complaisamment celles que leur entourage leur serine, ils croient que leur existence est un atout pour le peuple et qu’il importe de le leur conserver. A partir de là (pour les plus naïfs, les plus cyniques, les plus bêtes, les plus retors) de privilèges indus, en entorses bien supportés, la chute vers la faute est inexorable.
Non, la politique ne devrait pas être un métier dans une démocratie : trop inhumaine, trop tentatrice pour y demeurer toute une vie. Non la politique ne devrait plus être viagère. Faison le rêve d’un pays dirigé par des amateurs.