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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 10:17

Erudit et plein de son expérience, Jean Clair livre un constat désabusé de l’état de l’art visuel, de l’art plastique. Plus précisément de l’art contemporain qui est montré dans les musées, les galeries et autres endroits assimilés.

La perte de repères, la perte d’histoire, transforme l’artiste en idole qui s’autoproclame jusqu’à vénérer ses excréments, ou ses actes morbides, voire criminels. Les Musées qui l’abritent, le protègent, incertains de leur vocation, se réduisent au rang de décharge accueillant l’excès de production d’ordures du monde culturel . Ce résumé abusif, tendancieux dans sa brièveté,  pourrait laisser croire qu’il s’agit d’un pamphlet : c’est une longue plainte, sur le devenir des musées et de ceux qui sont charge de leur évolution, et de leurs rapports avec un type d’art qui s’est baptisé l’Art Contemporain ; gémissement nourri par une kyrielle d’historiettes issues de son exceptionnelle proximité avec les milieux concernés, des éclairages diversifiés nourris par une expérience murie; c’est aussi une réflexion, encore en devenir, non encore conclue, sur le rapport entre culte et culture, entre œuvre d’art, œuvre de piété et objet ethnographique.

Dans ce parcours, il me laisse sur ma faim, soucieux probablement, non pas de conclure abruptement, mais de laisser le lecteur arriver à l’une des conclusions possibles.  Extrémiste peut-être dans mon interprétation, j’en arrive à l’idée que les musées ont perdu leur sens : ou ils abritent des objets de notre histoire qui ont perdu leur identité, ou ils abritent des objets de notre temps qui semblent n’en être que les déchets.  J’aimerais que ces lieux de mémoire redeviennent des lieux de vie. Non pas des objectifs de promenades dominicales, d’excursions de groupes, d’animation culturelle,  mais des lieux d’études de ce qu’on proposé de grands ancêtres ou de jeunes créateurs, de copies de ce qu’ils ont fait ou de ce qu’ils font (la copie est le premier pas de l’artiste avant qu’il puisse acquérir son autonomie, la copie est le premier geste de l’amateur qui veut comprendre le pourquoi d’une œuvre et de son rendu). Mais pour être un tel endroit de concentration, de recueillement, il n’a pas besoin de recueillir à tire-larigot un bric à brac de tout et n’importe quoi : il faut trier les œuvres. Et, encore plus difficile, voire impossible, apprendre au public que le musée n’est pas un lieu de passage.

Il faudrait parler encore de pleins de sujets à propos de ce livre, effleurés, apparaissant au coin d’une page  : qu’est devenue la beauté, l’admiration de la belle ouvrage ? comment se fait la transmission entre génération du sentiment de la beauté, des mythes qui nous ont construits et s’incarnent dans les œuvres d’art ?

Ni « réac », ni « conservatrice », ni « décliniste », une tentative d’analyse qui n’essaie pas de nous convaincre mais d’attirer de notre part un regard intelligent sur la relation entre culture et « Art Contemporain ».

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