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8 juillet 2010 4 08 /07 /juillet /2010 11:00

Deux ministres prestigieux (Juppé et Védrine) se sont élevés contre la disparition de l’outil diplomatique français . Une académicienne de talent (Carrère d’Encausse) vient de s’émouvoir  du naufrage des lycées français à l’étranger.  Ces voix ne s’élèvent pas par hasard. La part du pauvre faite à notre action internationale n’est que le reflet de notre ignorance du grand village mondial ; l’état français croit à tort que tout se règle par des conversations entre grands de ce monde, badigeonnées de tapes dans le ventre, et de pseudo-amitiés ; dans la complexité du monde actuel, c’est un véritable déni des réalités ; croire que l’on peut régler notre action internationale avec un avion confortable pour transporter notre président aux quatre coins du monde, et une cellule diplomatique de quelques conseillers cachée dans le palais de l’Elysée est une régression d’une ampleur inadmissible.  Le monde est complexe, les acteurs sont nombreux, les problèmes sont inassimilables par un seul homme. Il est parfaitement illusoire de croire que l’on va régler tous les problèmes multilatéraux à coup de G8, G20, visites officielles. La diplomatie est affaire de proximité, de permanence, d’effort soutenu dans la durée. Tout le contraire de méthodes à l’esbrouffe, jamais explicitées, jamais soutenues par une stratégie.

Mais la revue de nos politiques diplomatiques n’est pas au cœur des préoccupations. Si l’on consulte le site du ministère, il est facile de constater que le dernier rapport d’activité est signé Douste-Blazy et concerne l’année 2005 ! Le dernier rapport de l’IGAE (l’inspection interne du ministère) est daté février 2008 et concerne l’année 2007 ! Quant aux éléments  donné par le ministre pour la préparation de son budget 2010, ils frisent l’indigence : pas de tableaux chiffrés, des comparaison d’une année sur l’autre qu’il faut glaner au hasard, et pire que tout pas de revue objective des actions engagées en terme de résultats.

Alors la critique devient difficile. Mais elle devrait pouvoir être faite. Il est même scandaleux qu’elle ne le puisse. Il faut alors se résigner à émettre des opinions un peu au hasard. Mais certaines questions, sans que faute d’éléments on puisse y apporter des réponses claires , méritent d’être posées.

Quid de nos contributions à ces organisations internationales  qui s’élèvent à 393 millions d’€ dans le budget 2009 (8% du budget du ministère) ? Sont-elles vraiment justifiées ? Sommes-nous satisfaits de contribuer à hauteur de 6.6% au budget de l’ONU ? C’est peut-être beaucoup tant pour notre poids dans le monde (5.5% du PIB mondial), que pour le résultat des actions de ce « machin ». Quid de notre participation à l’OMS, organisation qui a révélé toute son inefficacité avec l’épisode de la pandémie de la grippe AH1N1 ? Quid de notre participation à la FAO, l’organisation qui s’est rendu célèbre en ne voyant pas arriver la menace de famine de 2008 ? Qui de l’UNESCO, organisme connu pour ses dépenses incontrôlées et ses objectifs fumeux ? Et l’on pourrait continuer la litanie en se posant des questions sur le rôle et l’utilité de l’OSCE, du Conseil de l’Europe, nés du temps de la guerre froide et dont on ne saisit plus la permanence.

L’organisation de notre réseau à l’étranger mériterait certainement une analyse. Un doux mélange entre tutelles qui finit par ôter à l’ambassadeur son rôle essentiel de coordonateur de toutes les actions. Une complexification dans l’action économique qui laisse perplexe l’acteur non initié : le réseau des conseillers commerciaux, les actions d’UBI France, les postes d’expansion économique.

La structure de nos traités internationaux mériterait certainement une analyse. Des textes trop nombreux, parfois dépassés, et surtout qui à force d’accumulation servent de frein plutôt que d’outils au service de notre rayonnement. Beaucoup mériteraient certainement d’être dénoncés, au moins renégociés.

Ah que j’aimerais une restauration d’un véritable ministère des affaires étrangères, qui ne reçoive du Président et du Premier Ministre que les impulsions stratégiques , et la confirmation du choix des hommes-clefs. Avec un ministre qui sache organiser le travail diplomatique dans le respect de la nécessaire latitude d’action des ambassadeurs en poste. Je crois que ce n’est qu’à ce prix que l’on pourra sortir de l’inexistence diplomatique qui nous submerge.

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