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6 juillet 2010 2 06 /07 /juillet /2010 14:51

L’audition récente de l’amiral Guillaud, chef d'état major des armées françaises, devant le Sénat révèle bien des surprises, ou plutôt des confirmations de ce que l’on peut légitimement soupçonner sur les opérations où sont engagés 10 000 militaires français.

L’énumération des buts de guerre est surprenante au moins sur trois des cinq théatre théâtres qu'il cite (les deux autres sont des opérations de sécurisation de nos ressortissants en Côte d'Ivoire et au large de la Somalie) :

En Afghanistan , il nous précise qu’il s’agit :

-          de donner confiance aux Afghans en leurs institutions ;

-          de séparer les populations des insurgés ;

-          de faire comprendre aux insurgés que leur action est vaine,

-          et dattendre les décisions stratégiques du nouveau commandant en chef américain en Afghanistan !

Au Kosovo, il nous avoue qu’il faut se retirer mais qu’il attend les ordres de l’OTAN !

Au Liban, il nous indique qu’il a deux missions : une de contrôle de la zone, une de réserve d’intervention au profit de toute la FINUL … et qu’il attend les ordres de l’ONU !

 

Sur la nécessité de la FINUL, inutile d’épiloguer : depuis 1978, comme l’indique officiellement l’ONU, cette force « n’a pas été en mesure de remplir son mandat » ! Avec la possibilité de jouer uniquement un rôle d’observateur et  d’aide aux populations, sa crédibilité militaire est nulle ; son rôle diplomatique est voisin de zéro, étant un bras armé d’une organisation internationale qui n’ a su ni organiser un quelconque embryon de négociation entre Israël et ses voisin, ni protéger le Liban de l’existence de zones autonomes de facto.  Quelle est la politique de la France au Liban ? Le général ou ne sait pas, ou ne veut pas le dire. Singulière approche d’une information de la représentation nationale.

L’invasion du Kosovo par la KFOR , depuis 1999, afin selon les dires de l’OTAN d’y instaurer la paix et la stabilité, a été le dernier soubresaut d’une politique dans les Balkans marquée par les principes de l’interventionnisme humanitaire ; le résultat en a été l’éclatement du pays en de multiples petites républiques « ethniquement pures » ;  ce désastre mérite-t-il que la France s’y attarde ?

Enfin l’Afghanistan. L’intervention de loin la plus importante à ce jour. Là il ne s’agit plus d’une intervention de maintien de la paix, mais d’une véritable guerre, menée contre un ennemi, les talibans, soutiens et propagateurs d’un terrorisme international. Naturellement le mot de guerre n’apparait pas dans les propos du général ; l’armée déployée là-bas se retrouve, non pas officiellement avec un objectif clair d’écraser des ennemis identifiés, de réduire leurs chefs à l’impuissance, mais avec un programme digne d’une cellule d’appui psychologique.  Ce serait risible, s’il n’y avait pas tant de morts de part et d’autre.

Et même sur des objectifs aussi flous, les propos de l’amiral prêtent à discussion :

-          il avoue que la confiance des Afghans en leurs institution n’est pas au rendez-vous ; guère surprenant lorsque toutes les informations soulignent l’extraordinaire corruption qui règne au sommet de cet état fantoche ; mais la force de l’OTAN que je sache n’a jamais pris le taureau par les cornes, et a même plutôt laissé se développer la culture du pavot, source principale de tous les trafics ;

-          en se proposant de séparer les populations des insurgés il pointe le doigt sur la réalité qu’il s’agit d’une guerre civile ; certes les talibans sont une face « terrorisme international », mais ils ont aussi une face composante ethnique (Patchouns contre les autres), une composante religieuse (rigoristes contre laxistes),  et probablement une composante sociale (campagne et immigrés citadins des campagnes contres urbains) ; au nom de la lutte contre le terrorisme, faut-il vraiment faire la guerre au peuple patchoun ? Pourquoi ne tolère-t-on pas le rigorisme religieux en Afghanistan, alors qu’il en existe de même nature dans bien d’autres pays du Moyen-Orient ?

-          passons sur la langue de bois motivante qui transforme l’écrasement de l’ennemi en une  suggestion polie de bien vouloir déposer les armes !  Mépris de l’adversaire, de ses propres soldats ou des deux ?

Sans missions lisibles, esclaves d’ une stratégie décidée dans les lourdes instances de l’OTAN, ou de l’ONU, il vous aurait fallu dire que l’armée française est devenue une troupe mercenaire au service d’intérêts étrangers, et plus spécialement aux ordres des généraux américains.

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