Une interrogation se répand chez beaucoup de français : comment se fait-il qu’il existe des zones de non-droit et qu’en même chacun ressente le poids de la contrainte de l’état ; l’impression qui nait est que la sollicitude de l’état s’applique plus aux contrevenants qu’aux délinquants ou aux criminels ; une autre idée se fait jour est que la protection ethnique est plus efficace que la protection policière ; une dernière est que l’état avide préfère engranger des amendes que protéger les citoyens. Ce ne sont que des impressions, et il serait navrant de penser que cela correspond à une politique volontariste, mais il semble qu’il y ait du vrai dans la pratique quotidienne des autorités.
La gendarmerie est accaparée par sa surveillance pointilleuse des contrevenants sur les routes et se retrouve toute surprise d’être attaquée par des bandes de manouches. Le fisc se complait dans l’examen de vos petites déclarations mais oublie de contrôler la plus grosse fortune de France et le train de vie des caïds de banlieue. L’armée s’embourbe dans des opérations de maintien de l’ordre (puisque c’est ainsi qu’elle les appelle) dans des pays qui n’en veulent pas mais omet de se déployer en France là où les troubles à l’ordre public commencent à friser l’insurrection. La police fait ce qu’elle peut mais se retrouve enfermée dans ses commissariats, submergée au quotidien par des plaintes vénielles de la foule de plus en plus envahissante des chicaneurs. La douane est empêtrée par des affaires de contrebande de cigarettes, nées de l’avidité de l’état français à imposer plus le tabac que nos voisins. Quant à la justice, elle hésite, pour reprendre les propos du procureur général Bilger, entre "une interprétation sulpicienne des dossiers, et une idéologie hostile à la philosophie pénale en vigueur".
Il n’est peut-être pas faux de penser que l’état se complait dans une attitude de sévérité vis-à-vis de ceux qu’il peut sanctionner facilement et de démission face aux véritables fauteurs de trouble. Si celà est vrai ce n'est plus un état de droit, mais un état croupion.