Le débat politisé sur l’identité de la France a été lancé malencontreusement. Du coup beaucoup se sont installés dans une bunkerisation de leurs opinions liées à leur marquage à droite ou à gauche. Et pourtant le sujet existe. Et je ne crois pas du tout qu’il relève de ce positionnement droite-gauche. L’identité nationale ne se résume pas à des idées : la république, la laïcité, la démocratie, la parité ; je pense même qu’elle n’a rien à voir avec des idées car elle relève d’une mémoire collective dans laquelle entre l’histoire (de certains et non pas celle de tous), les territoires (limités géographiquement et n’incluant pas le monde entier), les cultures (consensuelles et non pas toute manifestation culturelle aussi respectable soit-elle). « Nous sommes ce que vous fûtes, vous serez ce que nous sommes » écrivait Renan en citant les spartiates. L’identité nationale s’inscrit dans la longue durée. Et le problème actuel est notre civilisation du court-termisme, de l’immédiateté. L’action n’est valorisée que pour ses résultats tangibles et instantanés. Les seules références qui semblent compter sont celles d’aujourd’hui (l’art contemporain, la musique d’aujourd’hui, la constitution de maintenant, les combats actuels). Ce n’est que l’écume. Il est un peu dommage que la France qui a donné ces illustres historiens de la longue durée (les Braudel, Febvre, Chaunu) se polarise sur l’écume des évènements d’aujourd’hui. Certains veulent faire commencer la nation en 1789 avec la déclaration des droits de l’homme qui bien entendu a une généalogie (chrétienne surtout). D’autres avec la libération de la France en 1945 et la mise en application du programme du Conseil National de la Résistance qui est un mix de doctrines de tous bords. Certains, enfin, tétanisés par l’idée d’être passéistes , n’y voient qu’un carrefour des cultures et des populations du monde de maintenant.
Ils sont bien réducteurs. Et pourquoi la France ne serait-elle pas aussi et surtout un sentiment, une passion, une intuition. Pourquoi toujours ce rationalisme desséchant, appauvrissant. Ah que j’aimerais un débat qui ne soit pas dans les préfectures (la fonctionnarisation, vieil ennemi national), un débat qui soit interdit à toute personne disposant d’un mandat électoral (que l’on purge la discussion des pensées électoralistes).